Les nuits de Mashhad
Ali Abbasi
3
avec Mehdi Bajestani, Zar Amir Ibrahimi, Arash Ashtiani
policier, drame, France, Danemark, 2022, 1h56
« Iran 2001, une journaliste de Téhéran plonge dans les faubourgs les plus mal famés de la ville sainte de Mashhad pour enquêter sur une série de féminicides. Elle va s'apercevoir rapidement que les autorités locales ne sont pas pressées de voir l'affaire résolue. Ces crimes seraient l'œuvre d'un seul homme, qui prétend purifier la ville de ses péchés, en s'attaquant la nuit aux prostituées. »
Ce film, sous des airs de polar, est une radiographie sans complaisance d'une société malade. Quand une société donne tout pouvoir à un groupe d'individus défini, celui-ci l'exerce toujours dans le non-respect de « l'autre ».
En Iran la religion prime et l'homme en est son représentant. Par conséquent, la femme n'est rien et la prostituée encore moins. Dès le début du film, le spectateur sait qui est le meurtrier. Durant toute la première partie, personnages et ambiance sont plantés. Saeed, le meurtrier est maçon, mari et père qui semble soucieux du bien-être de sa famille. Il est le reflet glaçant de la pensée commune.
Rahimi, la jeune femme journaliste, incarne la résistance à cette société qui fait sans cesse violence aux femmes. Indépendante, elle doit faire face aux pressions de ce monde d'hommes mais également dépasser le manque de courage de certains.
Les meurtres s'enchaînent faisant monter petit à petit tension et violence.
La deuxième partie du film est le cœur du propos de Ali Abbasi. où nous voyons un serial killer, son entourage voit un héros. Quand nous pensons « fou » dans le sens psychiatriquement troublé, said se revendique « fou de Dieu ».
Il est peu probable que des petits garçons élevés dans de telles valeurs sortent l'Iran de l'obscurantisme !
Les nuits de Mashhad est un film percutant, très bien mené et servi par d'excellents acteurs.
S'il reste malgré tout très pessimiste, il met toutefois en lumière le courage d'une femme.