avec Hafsia Herzi, Louis Memmi, Moussa Mansaly, Michel Fau

Drame, 1h58, 2024

« Mélissa, 32 ans, surveillante pénitentiaire expérimentée, s'installe en Corse avec ses deux jeunes enfants et son mari. L'occasion d'un nouveau départ. Elle intègre les équipes d'un centre pénitentiaire pas tout à fait comme les autres. Ici, on dit que ce sont les prisonniers qui surveillent les gardiens ... »

L'île de beauté n'a pas besoin de Borgo pour écorner son image, mais ce dernier film enfonce bien le clou.

Stéphane Demoustier propose une histoire beaucoup plus subtile que la plupart des scénarios sur le monde mafieux. Il n'est pas besoin d'une violence extrême et permanente à l'écran, pour décrire les relations entre truands. Ici la mécanique est beaucoup plus pernicieuse et c'est ce qui fait tout l'intérêt du film.

Si Mélissa et son mari voient leur installation en Corse comme la possibilité d'un nouveau départ, leur intégration est loin d'être une évidence. Entre le racisme et l'hostilité vis-à-vis des continentaux, le couple a toutes les peines du monde à trouver sa place dans une société très fermée et autocentrée.

La beauté des paysages n'est pas en adéquation avec la qualité de vie.

Dans son travail de gardienne pénitentiaire, Mélissa ne peut compter sur sa force physique pour se faire respecter des détenus. Elle mise alors sur une certaine qualité dans les relations humaines et fait preuve d'une empathie qui lui vaut la reconnaissance des prisonniers. 

Petit à petit, un jeune détenu, tout à fait charmant, va faciliter la vie de Mélissa. Si celle-ci ne demande rien, elle laisse faire, enclenchant ainsi un engrenage qui va l'amener plus loin que de simples petits services sans conséquence.

L'enchaînement est très bien mené et les pressions indirectes très bien décrites. Celui qui devient presque son jeune ami ne cesse de lui répéter à chaque demande « qu'elle n'est pas obligée »…. et pourtant comment refuser les renvois d'ascenseur qui facilitent les conditions de vie.

Le personnage de Mélissa reste parfois mystérieux ce qui maintient le suspense sur ses réactions, ses motivations et sa propension à basculer dans la grande délinquance.

Borgo, tiré d'un fait divers réel, se regarde comme un bon polar. Si certaines scènes sont caricaturales, l'ensemble est très crédible ce qui est positif pour le film mais nettement moins pour l'image de la Corse !