avec Bahman Ark, Arghavan Shabani, Sadaf Asgari.

comédie, drame,  2024,1h17

« Un homme déclare la naissance de son fils. Une mère habille sa fille pour la rentrée. Une élève est convoquée par la directrice. Une jeune femme conteste une contravention….

Neuf visages de la vie quotidienne à Téhéran. »

À la fois ubuesque et kafkaïen, cet excellent film montre que la force de dénonciation n'a pas besoin de fioritures. La caméra est fixe, le spectateur est à chaque fois face à un de ces neuf visages de la vie quotidienne, le voyant se démener ou subir une situation absurde.

Chacun illustre un aspect, somme toute banal de la vie, mais qui en Iran, prend une tournure bien compliquée du fait de lois particulièrement contraignantes.

Le choix d'un prénom pour son enfant n'est pas libre. Qu’une petite fille aime danser à l'aise dans son jean et son sweat Mickey ne changera rien quand il faudra l'habiller pour la rentrée. La notion des lieux publics et lieux privés sera débattue lorsqu'une femme sera accusée d'avoir enlevé son voile au volant de sa voiture.

Obtenir son permis de conduire n’est pas seulement une question de conduite. Un réalisateur, soumis à la censure verra son film radicalement transformé à force de coupes imposées. Une femme aura toutes les peines du monde à retrouver son chien enlevé par la police car déclaré  espèce impure par les gardiens de la révolution.

Souvent, la population, pour survivre, se sent contrainte d'utiliser les mêmes méthodes que les autorités : délation, chantage...

En fond sonore, tout le long du film, un grondement se fait entendre, à chaque fois plus fort. Peut-être un tremblement de terre, signe d'une société au bord de l'explosion, tant les interdits sont nombreux et ont atteint un ridicule qui dépasse l'entendement.

Plongé dans une absurdité totale, le spectateur rit et pourtant c’est terrible !

Chroniques de Téhéran réussit cette prouesse d'utiliser l'humour pour dénoncer, de faire rire avec ce qui au fond est un véritable drame humain.