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Le diable n'existe pas

Mohammad Rasoulof

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avec Ehsam Mirhosseini, Shaghayegh Shourian, Kaveh Ahangar, drame, Iran, République tchèque, 2h32, 2021.


« Iran de nos jours. Quatre récits, inexorablement liés, évoquent la peine de mort dans un régime despotique. »


Malgré certaines longueurs, Le diable n'existe pas est un très bon film. À la fois très fort et original. Par rapport à ce que l'on a déjà pu voir sur l'Iran, il n'est pas question ici de religion, ni d'injustices subies par les faibles, économiquement ou socialement.

C'est le régime dictatorial qui est visé dans son fondement même. La peine de mort est envisagée non pas du point de vue du condamné ou de sa famille, mais à travers ceux qui doivent l'exécuter. C'est en quelque sorte une chronique des dommages collatéraux d'une pratique despotique. 

En désignant des conscrits pour les exécutions, l'État entraîne l'ensemble de la population dans une idéologie de soumission au pouvoir. Accepter cette mission, c'est obtenir plus de jours de permission, ce qui n'est pas rien pour un service militaire qui dure deux ans. Ne pas faire ce service, c'est ce marginaliser. Il est nécessaire pour passer son permis, obtenir un emploi, un appartement... Dire non devient alors un acte de révolte qui peut être héroïque mais bien difficile à assumer. Quel que soit le choix, il entraîne des conséquences. Se soumettre contre sa conscience fait de ces jeunes des bourreaux. Refuser, c'est s'exclure de la société.


Le film, divisé en quatre parties est très bien articulé pour une démonstration implacable. La premiere plante le décor, qui pourrait s'intituler « chronique d'une peine de mort ordinaire ». Les trois films suivants présentent les circonstances et les conséquences de choix irrévocables.

Les deux premières histoires se déroulent dans un cadre urbain : la ville, une prison. Les deux autres dans un paysage plus sauvage et isolé du monde, une montagne à la végétation dense, des étendues de rocailles qui donnent la sensation d'un paysage désertique, hostile alors qu'on comprendra qu'il protège.


L'ensemble suscite un suspense étonnant. À chaque début d'histoire, on se demande où Mohammad Rasoulof veut en venir, ce qui crée une attente pendant laquelle le spectateur échafaude des hypothèses. Chaque dénouement fait l'effet d'une claque et pousse à la réflexion.

Mohammad Rasoulof nous offre un film politique tout aussi intelligent qu'esthétique. N'oublions pas non plus qu'il brave la censure et que les acteurs, tous très bons, font acte de bravoure en tournant dans ce film.

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