Les graines du figuier sauvage
Mohamed Rasoulof
3
avec Missagh Zare, Mahsa Rostami, Setareh Maleki
Drame, 2024 2h46
« Iman vient d'être promu juge d'instruction au tribunal révolutionnaire de Téhéran quand un immense mouvement de protestation populaire commence à secouer le pays. Dépassé par l'ampleur des événements, il se confronte à l'absurdité d'un système et à ses injustices mais décide de s'y conformer. À la maison, ses deux filles Rezvan et Sana, étudiantes, soutiennent le mouvement… »
Ce qui commence par être un film politique et engagé se termine comme un thriller qui nous semble être chargé de symboles. Mais dans ce dernier domaine ne voit-on que ce que l'on veut y voir ?
Les stratagèmes dont une dictature use pour " tenir " sa population sont habilement suggérés. Les privilèges accordés à ceux qui participent à la machine d'état sont de nature à faire renier tous principes à ces derniers.
Iman sait que sa nomination au tribunal révolutionnaire ne tient qu'à un fil. Il signera les exécutions et condamnations expéditives.
Parallèlement, Rezvan et Sana découvrent les mensonges de la dictature et défendent le mouvement étudiant en faveur de la liberté.
Entre le père et ses filles, la mère joue un rôle ambigu.
La perspective d'un appartement plus grand, d'une voiture de fonction pour son mari… la pousse à ne pas vouloir ouvrir les yeux sur le système .
Mais elle n'aura de cesse de défendre ses filles aux yeux de son mari.
La tension monte dans la famille, petit à petit au rythme de celle qui anime les rues de Téhéran. Les images des manifestations sont réelles elles proviennent des téléphones portables des participants, diffusées sur les réseaux sociaux.
Intégrées au film, elles font un effet choc. On est horrifié par la violence contre les manifestants, par la mort de ceux qui réclament des libertés et ce n'est pas du cinéma !
Les blessés ne sont pas des acteurs, le jeune homme qui git dans son sang au milieu de la rue ne va pas se relever au cri de « coupez ! »
La participation d'Iman à cette répression va faire basculer la famille dans un véritable affrontement. La disparition du revolver du Père dans sa propre maison va lui faire perdre pied entraînant chez lui une paranoïa et un autoritarisme qui frise la folie.
En s'opposant à lui, ses filles n'en sont que de plus courageuses résistantes.
La dernière partie du film est malheureusement trop longue. L’affrontement intra familial tourne en rond et certaines scènes se répètent inutilement.
Malgré tout Les graines du figuier sauvage est un très bel hommage à cette jeune génération iranienne qui aspire à une vie plus libre. Rezvan et Sana Incarnent très bien le courage du mouvement « Femme, Vie, Liberté »