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Illusions perdues

Xavier Giannoli

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avec Benjamin voisin, Cécile de France, Vincent Lacoste, drame, historique, France, Belgique, 2020, 2h30.


« Lucien est un jeune poète inconnu dans la France du 19e siècle. Il a de grandes espérances et veut se forger un destin. Il quitte l'imprimerie familiale de sa province natale pour tenter sa chance à Paris, au bras de sa protectrice. Bientôt, livré à lui-même dans la ville fabuleuse, le jeune homme va découvrir les coulisses d'un monde voué à la loi du profit et des faux-semblants. »


Illusions perdues est un excellent film dont on ne voit pas passer les 2h30, ce qui est assez rare pour que nous le soulignions.

Malgré sa durée, le film ne manque ni de rythme ni de souffle. Aucune scène n'est de trop, le déroulement narratif est fluide et concorde à nous rendre évidente l'évolution des personnages.

Ceux qui pensent que les accointances entre les milieux de l'argent, le journalisme, le monde littéraire, la politique... sont un fait nouveau, ressortiront de la séance totalement dépités. Rien n'est nouveau ! On se demande donc à quelle époque il faut remonter pour trouver des relations dénuées d'intérêts financiers ?


Si le film n'est pas l'entière transposition du roman, le propos est bien celui d'Honoré de Balzac, il est mordant et sans complaisance pour chacune des parties. Le jeune Lucien, poète amoureux de la littérature, aussi naïf en amour qu'en affaires et inconscient des enjeux sociaux, va perdre plus que son innocence dans sa plongée dans un monde réel de faux-semblants et d'intrigues.


Les acteurs sont très bons et chaque rôle porte en lui un symbole.

La reconstitution de la période de la restauration est très soignée. Le spectateur assiste à la confrontation de deux partis aussi laids et intrigants l'un que l'autre. D'un côté les « libéraux » qui n'ont de valeur que l'argent, de l'autre des « royalistes » toujours désespérément accrochés à la valeur des privilèges héréditaires.

Si l'ensemble de la société est égratigné, le milieu de l'édition et de la critique sont quant à eux complètement laminés.

Les journalistes vendent leurs critiques aux plus offrants, éreintant ou saluant une œuvre en fonction des financements. Les applaudissements ou les huées s'achètent.

Dans ce domaine, le plus beau rôle revient à Gérard Depardieu, excellent en éditeur illettré, ancien épicier et redoutable en affaires.


Si à travers ce film, on retrouve la belle plume de Balzac, les références au monde contemporain ne sont pas absentes. On notera un joli jeu de mot sur l'origine du titre Canard enchaîné, la prédiction qu'un jour « il y aurait fatalement un banquier au gouvernement ! »


Illusions perdues est un film d'une grande qualité sur le fond et la forme, à ne pas manquer, seul ou en famille.

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