La nuit du 12
Dominilk Moll
3
avec Bastien Bouillon, Bouli Lanners, Anouk Grinberg, policier, France, Belgique, 2022, 1h54
« À la PJ, chaque enquêteur tombe un jour ou l'autre sur un crime qu'il n'arrive pas à résoudre et qui le hante. Pour Yohan, c'est le meurtre de Clara. Les interrogatoires se succèdent, les suspects ne manquent pas et les doutes de Yohan ne cessent de grandir. Une chose est certaine, le crime a eu lieu la nuit du 12. »
Ce film est l'adaptation d'une des histoires relatées dans le livre ” une année à la PJ ” de Pauline Jenna. Il retrace un quotidien fait de routines et de situations éprouvantes.
La nuit du 12 met en lumière un enquêteur en particulier et le meurtre qui petit à petit va le hanter. Il était périlleux de faire un film policier tout en prévenant dès le début le spectateur qu'il n'aurait pas le fin mot de l'histoire quant au meurtre de Clara.
On peut regretter que notre vilaine curiosité ne soit pas assouvie mais il faut bien reconnaître que l'intérêt du film n'est pas là.
On suit Yohan, un enquêteur scrupuleux qui ne peut se résoudre à laisser ce crime sans coupable. On assiste à la naissance de ses troubles et à son obsession grandissante. La vie de la PJ n'est pas faite que d'enquêtes de terrain. On entrevoit un quotidien moins palpitant que l'image véhiculée par les séries TV.
Il y a des rapports à rédiger, des imprimantes qui dysfonctionnent, des collègues parfois lourds….
Si le film évite le pathos, il nous plonge habilement dans un monde de violence qui pose question. On imagine assez bien qu'à terme cela puisse peser sur la psychée et la vie privée de ceux qui y sont confrontés tous les jours. Cette ambiance un peu glauque est renforcée par le choix du lieu où se déroule l'action. La plupart du temps les images de montagne sont synonymes de beauté, de bien-être. Ici, en arrière-plan, des barres d'immeubles, des stations vides de leurs vacanciers, la montagne participe au sentiment de désolation et à l'idée de solitude.
Le crime " choisi " par Dominik Moll n'est pas anodin. Il permet de questionner intelligemment les violences faites aux femmes.
Une scène particulièrement réussie dénonce le travers, certainement encore trop répandu, que la victime aurait peut-être un peu " cherché " ce qui lui est arrivé !
On sort troublé de ce film qui pose une multitude de réflexions pertinentes sur notre société.