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Le procès Goldman

Cédric Khan

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avec Arieh Worthalter, Arthur Harari, Stéphane Guérin Tillié, 

policier, drame, France, 2023, 1h56


« En avril 1976, débute le deuxième procès de Pierre Goldman, militant d’extrême gauche, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour quatre braquages à main armée, dont un, ayant entraîné la mort de deux pharmaciennes. Il clame son innocence dans cette dernière affaire et devient en quelques semaines l'icône de la gauche intellectuelle. »


Si Le Procès Goldman est un film souvent abrupte qui demande un effort de concentration de presque deux heures, il n'en est pas moins excellent. À l'exception de la scène d'ouverture entre deux des avocats de Pierre Goldman, le spectateur ne suivra que le procès. Aucun flashback ne viendra illustrer le propos, nous sommes alors mis dans la même position que les jurés. Seul l'art oratoire des avocats et la personnalité de l'accusé nous permettront de nous faire notre opinion.


À mesure que le film se déroule, on découvre un caractère pour le moins compliqué d'un côté et une enquête policière à la fois orientée et bâclée. On mesure bien à quel point il est difficile de rendre la justice dans de telles circonstances. Si tous les témoignages semblent accuser Pierre Goldman, peut-on condamner un homme à partir de preuves qui paraissent bien contestables ?


Pierre Goldman ne facilitera pas le travail de ses avocats. Refusant tout d'abord la convocation des témoins qui pourraient lui fournir des gages de moralité. Ayant avoué ses braquages, il ne se voit pas comme un homme correspondant aux critères de moralité de l'État français.

Son seul argument est qu'il n'avait aucune raison de tuer ces deux femmes qui ne lui avaient rien fait. Il clame haut et fort « Je suis innocent parce que je suis innocent ! ». Cela ne suffit pas pour que la justice fasse son travail.


La personnalité de Pierre Goldman, est décryptée à travers le défilé des témoins. Né de parents, juifs polonais, résistants en France. Il a voulu être un combattant comme eux. Militant actif d’extrême gauche, il ira de déceptions en échecs à son grand désarroi , avant de glisser vers le grand banditisme.

Colérique, entier, provocateur, il se sent victime d'une machine policière raciste. Il n'hésite pas à le redire en public après l'avoir écrit dans Souvenirs obscurs d'un juif polonais né en France : « Les flics sont des crétins et des racistes ».


La salle du procès est divisée comme l'a été la France de ces années-là. Des soutiens à la police se manifestent malgré les mensonges qui se font jour. Des militants de gauche tel Régis Debray et Simone Signoret applaudissent aux bons mots dont Pierre Goldman n'est pas avare. Le groupe d'amis antillais de ce dernier réagit aux propos teintés de racisme de certains protagonistes de l'époque. 


À l'issue de la séance chacun se fera son opinion sur le personnage et sur l'affaire. Mais une chose est sûre : les sentiments, les sensations et l'intime conviction ne peuvent suffire à condamner qui que ce soit !

Un film à voir pour faire fonctionner ses méninges et se replonger dans une époque politiquement tumultueuse .

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