avec Isabelle Huppert, Grégory Gadebois, Yvan Attal.

Drame, thriller, France, Allemagne, 2h01, 2023

« Un matin, Maureen Kearney est violemment agressée chez elle. Elle travaillait sur un dossier sensible dans le secteur nucléaire français et subissait de violentes pressions politiques.Les enquêteurs ne retrouvent aucune trace des agresseurs… Est-elle victime ou coupable de dénonciation mensongère ? »

La syndicaliste est un excellent thriller politico-économique qui fait d'autant plus froid dans le dos que l'histoire est tirée d'un fait réel. On ressort de la séance troublée et bien loin d'être réconcilié avec notre monde dont la politique est guidée par le CAC 40.

Isabelle Huppert joue magistralement, jetant le trouble sur son personnage d'une manière si subtile que cela en est dérangeant.

Maureen, syndicaliste chez AREVA, évolue dans un milieu de pouvoir très largement masculin. Telle une lanceuse d'alerte, elle veut lutter contre le projet, alors secret, de démantèlement de sa société désiré par le PDG d'EDF. Il est clair que cela entraînerait la suppression de dizaines de milliers d'emplois mais également la perte de l'indépendance énergétique de la France au profit de la Chine.

Le monde politique restera sourd aux révélations de Maureen. Dans ce domaine, certains fils ne seront pas dénoués. Les tenants et les aboutissants de ce que aujourd'hui, on sait être un scandale, ne sont pas entièrement explicités.

Le film est centré sur une femme, qui armée de sa seule volonté, va être broyée par un pouvoir aux méthodes de mafieux.

Agressée chez elle, certainement pour la faire taire, elle va passer du statut de victime à celui de coupable de mensonges. Le doute va même être distillée dans l'esprit du spectateur. On constate comment le passé d'une personne peut être exploité pour la discréditer.

Dans L'Étranger de Camus, Meursault semble être avant tout coupable de ne pas avoir pleuré à l'enterrement de sa mère. Maureen Kearney semble capable d'avoir inventé son agression, car froide et sans réaction excessive. Son image ne colle pas à celle qu'on se fait d'une victime !

Le combat de cette syndicaliste va se déplacer. Défenseuse des salariés, elle va devoir défendre son honneur. Du bien général au cercle privé… voilà une bonne manière de faire taire les gêneurs.

La syndicaliste est un film terrifiant qui suscite désespoir et colère vis-à-vis des pouvoirs.

L'histoire de Maureen Kearney ne doit pas s'arrêter à ce film. Il faut que la lumière soit faite sur les manipulations dont elle a été victime mais également sur le point de départ de cette affaire : AREVA, EDF, État…