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Les caractériels

Cavatz Martial

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Alma éditeur 2024


« Naître dans un quartier populaire au sein d'une famille dysfonctionnelle, en étant malvoyant, on pouvait se dire que ce n'est pas gagné…. à moins que les problèmes ne s'additionnent pas et que la déficience visuelle ne soit finalement une chance : une soustraction des emmerdements…. »


Entre le roman et le récit, Les caractériels aborde, avec un humour très particulier, les difficiles conditions de vie des classes populaires à travers le regard de l'enfance.

L'auteur/narrateur se décrit sans complaisance :  petit, gros, bigleux. Le jeune Martial cumule donc les obstacles et sa vie est loin d'être « un long fleuve tranquille », d'autant que sa famille recomposée est particulièrement dysfonctionnelle.


Plus thématique que chronologique, ce livre nous offre des tranches de vie. Le lecteur suit le parcours de Martial qui très tôt est bien lucide sur les défaillances de sa famille. Dans sa cité HLM de Besançon, « ceux qui ouvrent les volets le plus tard sont ceux qui vivent des minimas sociaux. »

L'ambiance du foyer est faite de violence, de larçins et d'alcool. Étant malvoyant, Martial passera de sa classe spécialisée (celle des caractériels !) à un internat dans un institut, lui offrant ainsi la possibilité de découvrir autre chose que son quotidien.


Sans misérabilisme et avec beaucoup de drôlerie, l'auteur nous dépeint des tableaux des années 80. Comme par exemple l'ouverture du premier magasin Lidl. Ce magasin pour  « pauvres » qui n'avait pas anticipé l'ingratitude de ces derniers. L'absence de caméra de surveillance pour réduire les coûts favorisera la consommation sur place !


Sur un ton faussement léger, Martial Cavatz met le doigt sur ce qui fait mal. Si on s'accorde à penser que l'existence d'une famille d'accueil pour les enfants défavorisés est une bonne chose, le narrateur y voit une certaine perversité. C'est goûter à une vie douillette et agréable avant de retourner dans sa misérable existence.


L'auteur n'est pas moins grinçant pour décrire l'Institut pour malvoyants. Une hiérarchie s'établit dans la cécité et donne lieu à des scènes étranges où les moins malvoyants se pressent pour avoir une place au plus près de l'écran de télévision et décrivent ce qu'ils voient au non-voyants placés au fond de la salle.


On quitte Martial un peu abruptement, à son entrée au lycée ce qui est une belle promotion dans sa famille, plus habituée à la prison qu'à l'école.

Mais on a passé un bon moment avec un auteur qui est sans haine vis-à-vis de son milieu et qui est honnête sur  le moyen qu’il a eu de s’en sortir : le seul hasard d’être porteur d'un handicap !

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