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Crénom, Baudelaire !

Teulé Jean

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Mialet Barrault, 2020


“ Si l'oeuvre éblouit, l'homme était détestable. Charles Baudelaire ne respectait rien, ne supportait aucune obligation envers qui que ce soit, déversait sur tous ceux qui l'approchaient les pires insanités. Drogué jusqu'à la moelle, dandy halluciné, il n'eut jamais d'autres ambitions que de saisir cette beauté qui lui ravageait la tête et de la transmettre grâce à la poésie. Dans ses vers qu'il travaillait sans relâche, il a voulu réunir dans une même musique l'ignoble et le sublime”.


Un roman à lire comme un divertissement. Les grands admirateurs du poète seront sûrement outrés de cette biographie romancée dont le parti pris est sans aucun doute la vulgarité, la crasse et la déchéance.

Comme souvent dans ses livres, la vulgarisation à « visée pédagogique » menée par Jean Teulé est orientée. L'auteur semble se délecter de la noirceur de la nature humaine, de la fréquentation des gourbis et de la description des MST.

Si cette accumulation d'horreurs sur 420 pages a fini par me lasser quelques peu, j'avoue avoir bien ri et passé un bon moment avec ce détestable Baudelaire, premier punk au monde.

Romain Gary écrivait : ” Avec l'amour maternel, la vie vous fait, à l'aube, une promesse qu'elle ne tient jamais. Chaque fois qu'une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances”.

Il semblerait que c'est un peu ce qui est arrivé à Baudelaire dès son enfance.


À cinq ans, son amour pour sa mère est si débordant qu'il se délecte de son odeur en plongeant la tête dans son panier à linge sale.  Il se réjouit presque de la mort de son père, pensant qu'en disparaissant, il lui cède la place qui lui revient auprès de Caroline,sa mère.

Amour maternel déçu pour le poète, cette dernière se remarie avec un officier. Finalement, la suite ne sera que la longue déchéance d'un drogué syphilitique.

L'ensemble du roman est une succession d'anecdotes sur celui qui a modernisé la poésie mais qui est misogyne, brutal, toujours prêt à mentir pour soutirer de l'argent à son entourage…

On s'amuse beaucoup de certains passages. Notamment lorsqu'il demande plusieurs fois à Courbet de peindre ou d'effacer sa maîtresse/muse à ses côtés sur un tableau du maître.

Ou encore des indications qui semblent farfelues sur les épreuves à corriger des "Fleurs du Mal" et qui font tourner en bourrique un couple d'imprimeurs.

Son aventure Bruxelloise est franchement drôle et on imagine la tête de la bonne société belge lorsqu'il assène :” Le Belge doit être classé entre le singe et le mollusque". 


Sous ces brusqueries, on décèle cependant des tendresses enfouies et à moins que ses amis et son éditeur ne soient masochistes, ils lui ont trouvé des qualités au-delà de sa poésie.

Qualités que Jean Teulé a choisi de ne pas mettre en exergue ici.

Autant le savoir avant de commencer ce roman au risque d'être un peu abasourdi !

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