Albin Michel, 2020

«  Elles sont trois sœurs, nées dans une famille catholique modeste à Aix-en-Provence. Sabine, l'aînée, rêve d'une vie d'artiste à Paris. Hélène, la cadette, grandit entre son oncle et sa tante, des bourgeois de Neuilly-sur-Seine et ses parents, des gens simples. Marielle, la benjamine, apprend les secrets et les silences d'un monde éblouissant et cruel. Cette saga familiale nous entraîne de l'après Mai 68 à la grande nuit du 10 mai 1981. »

Le tableau social qui se déroule, sur un peu plus d'une dizaine d'années, est passionnant. Tous les faits marquants qui ont ébranlé, marqué ou fait évoluer mentalités, mœurs, visions de la société, sont évoqués.

On croise le drame de Gabrielle Russier, cette professeur de lettres qui s'est suicidée en 1969, après avoir été condamnée pour détournement de mineur à la suite d'une liaison amoureuse avec un de ses élèves. Il est, bien sûr, aussi question de Gisèle Halimi et Simone Veil.

On revit, à travers ces pages, l'annonce de la mort de Pompidou, la remontée à pied des Champs-Élysées par un Valéry Giscard d'Estaing qu'on trouve « si jeune », les joies et les peurs de l'élection de Mitterrand... « les églises vont-elles être fermées... les chars vont-ils entrer dans Paris ? »

Du point de vue de l'étude sociologique, le roman de Véronique Olmi est très intéressant. En plus des faits, l'auteur à capté et restitué des ambiances dans les moindres détails.

Par contre, je n'ai pas été convaincue, voir déçue par les histoires intimes de la famille dont il est question ici.

Pourtant les angles choisis étaient pour une fois un peu originaux.

D'un côté, une famille modeste mais catholique convaincue et conservatrice. De l'autre, un couple riche de Neuilly.

On constate à quel point les effets de Mai 68 ne se sont pas fait ressentir tout de suite selon le milieu social, géographique, politique…

Àpropos des personnages, pas mal d'éléments sont pour moi restés en suspend, m'empêchant d'accéder à leur psychologie et les rendant trop souvent factices.

Les nombreuses questions que je me posais sur les relations intra ou extra familiales de ces trois sœurs sont restées sans réponse.

On suit leur vie jusqu'au 10 mai 1981 puis tout s'arrête brusquement. Quelle frustration !

Sabine, Hélène et Mariette vont continuer de vivre loin du regard du lecteur, qui désappointé, retourne le livre dans tous les sens cherchant la mention « tome 1 » !