Frapper l'épopée
Zeniter Alice
1
Flammarion, 20
« Quand Tass était enfant, les adultes lui ont raconté l'histoire de sa terre à plusieurs reprises et dans plusieurs versions. Malgré tous ces récits, Tass n'a jamais bien su où commençait l'histoire des siens.
Comme elle n'a jamais réussi à expliquer la Nouvelle-Calédonie à Thomas, son compagnon resté en métropole. Aujourd'hui, elle est revenue à Nouméa et a repris son poste de professeure… »
Cette lecture agréable s'avère malheureusement un peu décevante. Beaucoup de passages sont très intéressants mais le roman multiplie les directions et semble peiner à trouver sa voie.
L'autrice déploie avec force un arsenal de procédés littéraires qui rend la narration trop souvent artificielle, alors même que l'écriture est très soignée.
Frapper l'épopée devient par moment trop didactique au détriment du romanesque qui lui , nous laisse sur notre faim.
L’autrice s'invite elle-même dans son roman et, ce qui pourrait être une originalité littéraire, brouille encore plus ici à la narration.
Il est vrai que l'histoire de la Nouvelle-Calédonie est très complexe et mal connue en dehors de son territoire.
Il paraît bien difficile de vouloir tout expliquer en un seul ouvrage.
Tass, l'héroïne a vécu dans l'Hexagone. À travers elle, sa vie, ses sentiments, ses ressentis, le lecteur mesure le fossé qui sépare des populations qui pourtant partagent la même citoyenneté.
Alice Zeniter nous plonge avec succès dans une ambiance particulière, aussi bien climatique, géographique, que sociale et politique. En s'interrogeant sur les agissements de deux élèves kanaks, Tass va être amenée à dérouler le fil du peuplement de la Nouvelle-Calédonie. Du peuple originel aux missionnaires, puis de l'administration française à l'installation d'un bagne qui « accueille » hexagonaux mais également ressortissants des autres colonies françaises. Avec pour beaucoup, l’impossibilité de repartir une fois la peine purgée…
L'archipel semble être un entrelacement de populations et cultures diverses dans lequel le peuple Kanak est toujours le plus pauvre. Sous une sorte de surveillance permanente des autorités, ils sont les premières victimes du chômage, de la misère, des ravages de l'alcoolisme et de la drogue.
Le sujet est poignant et passionnant. L’autrice nous avait conquis avec L'art de perdre et Sombre dimanche.
Malgré tout, notre avis sur cette nouvelle lecture reste mitigé. L'histoire est trop dense pour n’être contenue que dans un seul volume.