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Le grand secours

Thomas B. Reverdy

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Flammarion, 2023


« Il est 7h30 sur le pont de Bondy, au-dessus du canal. C'est un de ces lundis de janvier où l'on s'attend à ce qu'il neige, même si ce n'est plus arrivé depuis très longtemps. 

Sous l'autoroute A3 qui enjambe le paysage, un carrefour monstrueux, tentaculaire, sera bientôt le théâtre d'une altercation dont les conséquences vont enfler comme un orage, jusqu'à devenir une émeute capable de tout renverser. »


De 7h30 à 17h, le lecteur découvre la vie d'un lycée qui va être le théâtre d'événements dramatiques dont l'élément déclencheur s'est pourtant produit hors ses murs et hors temps scolaire. 

Chaque chapitre scande une heure et on suit l’irrémédiable marche vers l'extrême violence. Thomas B. Reverdy analyse finement la montée des tensions. La violence sociale est latente, les ressentiments contre toutes formes d'autorité de l'État sont nombreux. Il suffit alors d'une étincelle pour embraser un quartier.


Cette mécanique est très bien rendue. Le rôle des réseaux sociaux dans l'amplification des phénomènes et la rapidité de diffusion des informations, vraies ou fausses, est très bien mis en évidence. 

La description de cette journée tragique est l'occasion de faire le portrait de tous ceux qui font vivre le lycée. 


Les élèves en premier lieu, avec Mo, plutôt bon à l'école, mais qui se sent transparent auprès de ses pairs et surtout aux yeux de Sara qu'il aime secrètement. 

Les apprentis caïds qui envisagent déjà comme seul à venir de marcher dans les pas de leurs grands frères, dealers, passés par la case prison.

Candice la professeure de français qui organise des cours de théâtre et qui s'accroche à l'espoir que l'éducation reste un rempart à la fatalité qui semble gagner du terrain dans les cités.


Un regard extérieur sur ce microcosme vient éclairer le lecteur sur différents rouages : la cité, l'Éducation Nationale, la vie quotidienne d'un lycée…. Paul est poète, il habite Paris et anime à la demande de Candice des ateliers d'écriture durant cette journée qui s'avérera si particulière.


Le quotidien est si bien relaté qu'on s'est souvent demandé si ce Paul n'était pas l'auteur lui-même !

La salle des profs est autant animée par des problèmes triviaux et techniques de photocopieuses, que de débats houleux sur l'avenir du métier. Le corps enseignant est traversé d'opinions qui divergent notamment sur la laïcité et l'arrivée des « contractuels » ne simplifie pas les choses. 


Dans Le grand secours toutes les voix ont droit au chapitre. On peut ne pas toujours être d'accord avec ce qu'on lit mais il ne s'agit pas là d'une thèse mais plutôt d'un vaste panorama de ce qui compose notre société.

Si ce livre peut laisser craindre qu'il n'y ait guère d’espoir, il est un bel hommage aux enseignants qui veulent encore y croire.

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