Il ne se passe jamais rien ici
Adam Olivier
2
Flammarion, 2024
« La saison touristique touche à sa fin dans ce village niché sur les rives du lac d'Annecy. Comme souvent, Antoine passe la soirée au Café des Sports avec les habitués. L'atmosphère est à la fête. Mais quand, au petit matin, on découvre le corps d'une femme assassinée au bord de l'eau, c'est vers lui que se portent les regards.
Connu de tous, jugé instable par beaucoup, y compris par sa propre famille, Antoine fait vite figure de coupable idéal. »
Ce roman polyphonique se sert habilement des techniques du polar pour nous livrer une belle étude sociologique.
Si le lac d'Annecy est surtout connu pour la beauté de ses paysages, ses touristes et ses habitants, majoritairement aisés, le village où se déroule l'intrigue n'échappe pas à l'ambiance « communautaire ». Tout le monde se connaît, les liens entre chacun sont multiples et ce qui pour les uns, peut être rassurant, peut être étouffant, pour les autres.
En donnant la parole à chacun, Olivier Adam nous fait découvrir l'histoire de tous au compte-gouttes. Les personnalités se dévoilent mais c'est aussi et surtout à travers le regard des autres que le lecteur cerne la psychologie de protagonistes.
La victime, Fanny, est une jeune femme qui se veut libre mais prisonnière du regard des hommes. Le soir de son assassinat, ils sont nombreux à la dévorer des yeux. Elle entretient avec Antoine, le personnage principal, une relation ambiguë d'amour impossible. Ce dernier, quadragénaire à la vie dissolue, est au centre de l'intrigue pour mieux nous décrire tous ceux qui gravitent autour de lui : son père, véritable patriarche à l'ancienne qui ne jure que par la réussite sociale, sa mère protectrice mais dont la santé décline, son frère aîné, celui qui a réussi, sa sœur qui peine à s'affranchir de cette famille oppressante, les « pièces rapportées » réduites à la portion congrue dans le clan, le barman observateur, un écrivain de passage….
Si les quelques indices disséminés par l'auteur nous amènent à avoir une petite idée sur l'identité du coupable à la moitié du livre, cela n'amoindrit pas l'intérêt du roman.
La problématique de la place de chacun dans une fratrie est encore ici bien écrite comme dans son précédent ouvrage « Dessous les roses ( voir notre critique ici ). La galerie de personnages est excellente et la psychologie de chacun ainsi que les relations entre tous sont finement menés.