Gallimard, 2024

« Ceux devant qui se sont dressés, sous l'éclatant ciel bleu de juin, ces deux effrayants chefs-d'œuvre de la guerre civile, ne les oublieront jamais. » : Victor Hugo dans un chapitre des Misérables, évoque ainsi les deux plus formidables barricades de l'insurrection parisienne de 1848, dont il fut un témoin et même un acteur.

À la tête de l’une, " un gamin tragique ", ouvrier mécanicien, derrière l'autre un géant truculent, ex-officier de marine. Ce ne sont pas des personnages de fiction, ils ont réellement existé… »

Cet ouvrage est à la fois une enquête historique et littéraire. Intrigué par les deux personnages rencontrés au détour d'un tout petit paragraphe dans Les Misérables, qui compte plus de mille six cents pages, Olivier Rolin a voulu retracer l'histoire d'Emmanuel Barthélémy et Frédéric Cournet. Dans le même camp lors de l'insurrection de 1848, comment ces deux révoltés ont-ils pu se retrouver opposés dans un duel à mort en Angleterre ?

Si les deux protagonistes en question ne sont pas fictionnels, leur vie et destinée sont quant à elles terriblement romanesques !

En retraçant leur parcours, l’auteur nous offre un tableau de l'ambiance du milieu du XIXe siècle. 

Le peuple bouillonne d'indignation alors que la grande bourgeoisie réclame l'ordre.

Le récit nous entraîne sur les barricades, au bagne, dans des évasions, en exil… mais aussi dans des luttes intestines. Car si le grand et fort Cournet et le petit trapu Barthélémy, sont deux révolutionnaires, l'un est partisan de Ledru Rollin et l'autre Blanquiste. C'est là que le bât blesse !

Olivier Rolin a mené un travail de recherche important et très instructif.

Malheureusement, si l'idée était séduisante, l'ensemble est peu enthousiasmant sur la durée de la lecture. Le lecteur est rapidement perdu : entre les deux héros, le livre de Victor Hugo (ce qu'il décrit mais aussi les conditions de sa rédaction), les recherches de l'auteur qui arpente de nos jours les lieux qu'il mentionne...

Si chaque partie est intéressante, l'articulation qui superpose les époques, le réel et la fiction perturbe le fil de la lecture.

Jusqu'à ce que mort s'ensuive est un livre érudit qui ne manque pas de souffle mais celui-ci est si saccadé que le plaisir est amoindri.