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Nickel Boys

Whitehead Colson

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Albin Michel, 2020


« Dans la Floride ségrégationniste des années 60, le jeune Elwood Curtis prend très à cœur le message de paix de Martin Luther King. Prêt à intégrer l'université pour y faire de brillantes études, il voit s'évanouir ses rêves d'avenir lorsque, à la suite d'une erreur judiciaire, on l'envoie à la Nickel Academy, une maison de correction qui s'engage à faire des délinquants, des hommes honnêtes et honorables.

Sauf qu'il s'agit en réalité d'un endroit cauchemardesque où les pensionnaires sont soumis aux pires sevices. »


L'écriture et la forme du roman servent merveilleusement bien une histoire déchirante. 

En 2012, un chantier met à jour le cimetière clandestin d'une école de « redressement ».

L'établissement était déjà fermé depuis un certain temps mais la découverte de quatre-vingts corps de pensionnaires relance une enquête sur les maltraitances dispensées entre ces murs. C'est ici l'occasion de retourner dans le temps et de découvrir l'histoire du jeune Elwood, dont le destin s'est fracassé sur l'injustice du ségrégationnisme.


L'auteur prend son temps pour nous présenter les personnages. Elwood est un lycéen noir brillant qui puise dans les discours de Martin Luther King, la philosophie sur laquelle il veut bâtir ses valeurs de futur adulte. C'est un idéaliste qui croit au changement de mentalité des blancs et qui a foi en l'instruction. Le lecteur qui a le recul de l'histoire pressent la naïveté des espoirs du jeune héros.


La situation qui est à l'origine de l'incarcération d'Elwood est d'une simplicité qui souligne d'autant plus l'injustice. Dans le sud des États-Unis, au cœur des années 60, combien de personnes noires se sont-elles retrouvées au mauvais moment au mauvais endroit ?

Comme Elwood, on découvre un lieu où règne l'arbitraire. On saisit mal les différentes manières de sortir de cet endroit qui semble aux antipodes de ce qui a attrait à « l'éducation ». Les pires sévices sont de mise et les enfants qui disparaissent à leur suite ne sont jamais rentrés chez eux.

L'auteur ne s'appesantit pas sur les scènes de violence mais distille le sentiment de celles-ci et la peur qu'elles engendrent, avec habilité. Malgré les brimades et la terrible ambiance qui règne à la Nickel Academy, le héros du livre garde le cap des valeurs qui lui sont chères.

Il ne désespère pas de suivre les règles pour sortir au plus vite et reprendre son chemin d'étudiant. Toujours idéaliste, il ne peut admettre que les dés sont pipés tout simplement parce qu'il est noir.

Durant son séjour, il se fera un ami, Turner. Plus aguerri aux réalités du monde dans lequel ils vivent, ce dernier liera son destin à Elwood à jamais.

La toute fin du roman fait l'effet d'un coup de poing pour le lecteur, qui à son tour perd ses illusions.


La construction narrative, très bien menée, qui fait faire des allers-retours dans le temps, participe à la construction des certitudes de lecteur. À trente pages de la fin du roman, Colson Whitehead fait voler en éclats nos certitudes, nous laissant assommés par les révélations, tristes et révoltés en ce qui concerne l'histoire mais admiratifs du travail de l'écrivain !

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