Julliard, 2004

« Alcoolique, amant frénétique et désordonné, bigame maltraité, Paul Verlaine oscilla jusqu'au tombeau entre l'ignorance et le sublime. C'est à la toute fin de sa vie, au moment de la pire déchéance morale et matérielle, qu'une soudaine vague de sympathie naquit en sa faveur parmi la jeunesse du Quartier latin. En quelques semaines, il devint leur idole.

Fol amoureux de ce personnage magnifique et terrifiant, Jean Teulé a choisi de raconter cette période extravagante à travers le regard d'un adolescent de Béziers qui monte à à pied à Paris dans le seul but de rencontrer Verlaine…»

Henri-Albert Cornuty n'a que 15 ans lorsqu'il décide de quitter la ferme parentale pour aller à la rencontre de celui qui a touché son âme avec « Les Poèmes saturniens ». Durant la dernière année de la vie du poète, le jeune adolescent suivra son idole comme son ombre, prêt à tout pour le protéger.

C'est cette année de 1895 que Jean Teulé, avec sa plume si particulière, nous raconte.

Les faits relatés dans ces pages sont réels mais leur interprétation et les vides immanquables de « l'Histoire » sont comblés par l'imagination débordante du romancier.

J'entends déjà crier au scandale ceux pour qui le poète est un « être sacré ». Il est vrai que le portrait de l'homme n'est pas flatteur mais il reste plein de tendresse et son génie poétique est largement célébré. Le malaise peut venir de l'écriture crue, teintée d'humour noir de l'auteur car rien n'est inconnu dans les vils comportements de Verlaine.

Nous nous sommes beaucoup amusés avec cette lecture tout en étant ébahis de la facilité du poète à écrire en quelques minutes les plus beaux vers de la poésie française. 

Comme quoi on peut admirer le talent d'un alcoolique, drogué qui, sous emprise a une forte tendance à assommer tout ce qui bouge, même ses amis !!

Jean Teulé nous offre également une belle promenade dans le Quartier Latin de la fin du 19e siècle.

Quartier aujourd'hui si propret et hors d'atteinte des bourses moyennes, hier repaire des sans-le-sou et peuplé de bordels.

L'auteur décrit la vie quotidienne difficile des petites gens, les logements exigus, sans eau courante, ni chauffage, la vie à crédit de ceux qui multiplient les petits boulots…

Verlaine ne finira pas riche mais en tout cas il ne sera pas seul.

Sa poésie est parvenue jusqu'à la jeunesse qui se reconnaît en elle.

Ô Verlaine ! est un livre très distrayant qui offre un agréable moment de lecture