Julliard, 2021

« De son grand-père enterré à Cuba et de son père né là-bas, Laurent Benegui ignorait presque tout. Jusqu'à ce que le destin s'en mêle et le conduise à enquêter.

De révélations en coïncidences, entre Paris et La Havane, l'auteur tire le fil de l'histoire qui a mené sa famille, des cultivateurs désargentés, à quitter, au début du 20e siècle son Béarn natal pour cette lointaine île des Caraïbes. »

Ce livre, très bien écrit, nous entraîne à la fois dans une enquête et dans un roman d'aventure. Depuis son grand-père, la famille de l'auteur a une vie pour le moins romanesque. Laurent Benegui s'étonne lui-même de ne pas s'être penché avant sur la question familiale alors que tous les ingrédients sont réunis : le dépaysement, l'aventure, la querelle familiale, l'histoire avec un grand H. Le romancier enquête et le lecteur suit avec un grand intérêt ses découvertes.

Le voyage débute avec Léopold, le grand-père, d'un village du Béarn aux tranchées de la Marne, de la plantation de café cubaine à une tombe qui ne porte pas son nom.

Une branche de la famille est rentrée en France après les nationalisations de la révolution cubaine.

Laurent Benegui, en interrogeant les différents membres de cette grande famille, découvrira des événements qui lui permettront de mettre en place les pièces du puzzle.

Tout d'abord, la réalité de la personnalité de son grand-père qui est tout autre que l'image qu'il en avait. Ensuite il dénouera les fils de la brouille entre son père et son oncle, celle-ci trouvant ses racines dans l'héritage Cubain.

L'auteur fait également appel à ses souvenirs. Enfant, il a passé trois étés de suite chez son oncle à Cuba près de Guantanamo. Ce n'est qu'aujourd'hui qu'il prend conscience du lien qui unit sa famille à l'histoire de Cuba. Il réalise que celui qui tirait sur des noix de coco pour l'amuser n'était autre que Raoul Castro !

La dernière partie nous transporte à Cuba de nos jours.

Pour parachever son enquête, l'auteur se rend sur place pour retrouver la trace de ses souvenirs mais également pour faire connaissance avec des membres de sa famille restés à Cuba. N'oublions pas que la famille Benegui a perdu ses terres suite à la révolution... le portrait de l'île est donc peu glorieux. Cela ne donnera sûrement pas envie d'y aller à ceux qui n'y ont jamais mis les pieds : les pénuries, les longues files d'attente lors d'arrivages de produits de consommation courante chez nous...

Ceux qui ont eu l'occasion d'aller à Cuba retrouveront avec beaucoup de plaisir ce qu'ils ont vécu lors de leur séjour : les Paradores (restaurants chez l'habitant), les autoroutes désertes sur lesquelles on croise subitement un cavalier, les jiniteros tenaces et inventifs qui cherchent à vous diriger vers un établissement particulier pour gagner quelques CUC (monnaie locale).

Si il est parfois difficile de suivre les méandres de cette grande famille, s'il faut faire des efforts pour se souvenir de qui est qui, on lit tout de même avec un grand plaisir cette fresque historique et politique.