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Le roman de Rabelais

Ragon Michel

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Le Livre de Poche, 1993


« Obscur moine franciscain, Rabelais devient le médecin le plus réputé de son temps. D'origine modeste, il fréquenta les papes, fut le protégé d'un cardinal et l'auteur favori de François 1er.

Croyant sincère, il écrivait des livres dont la truculence et l'audace de penser lui valurent les foudres de la Sorbonne. Célèbre dans toute l'Europe, il acheva sa vie dans un quasi dénuement, au service des humbles, à Saint-Maur près de Paris. »


Le roman de Rabelais offre une lecture courte mais instructive sur un homme atypique pour ses contemporains. Si Rabelais a échappé au bûcher, contrairement à son éditeur Dolet, sa pensée, toujours à contre courant ne lui a pas rendu la vie facile. Rabelais est un érudit et toute sa vie il ne cessera d'apprendre.

Défenseur de la langue française alors que c'est le latin qui prime, sa foi en Dieu ne vacille pas, ce sont les faux serviteurs qu'il étrille.

Michel Ragon expose clairement les circonstances qui permettent de mieux comprendre l'œuvre de Rabelais.


Papes et rois qui se succèdent ne cessent de s'affronter dans des luttes de pouvoir qui favorisent l'obscurantisme. Les hommes d'Église qui tiennent le sommet de la hiérarchie se vautrent dans la luxure tout en dictant une conduite qui se doit d'être irréprochable au peuple.

Rabelais rappelle aux puissants que tous les préceptes religieux ne s'appliquent pas à tous.

C'est alors autant l'humaniste que le médecin qui parle lorsqu'il affirme que le jeûne du Carême n'a pour but que de sauver les riches d'une mort prématurée, tant ils bâfrent.

Les pauvres, eux, ne doivent pas s'empêcher de manger quand ils le peuvent puisque ce n'est ni tous les jours ni à tous les repas !

Rabelais est un hygièniste qui se désole de voir son protecteur, le cardinal Du Bellay s'essuyer les mains dans sa robe rouge et uriner dans n'importe quel coin de la pièce. Adepte de l'aération, il trouvera des limites à sa science dans le combat contre la petite vérole, maladie de son siècle, qu'il sait soulager mais pas guérir.


En découvrant dans ces pages, l'homme, son entourage et sa vie, on mesure mieux le regard aiguisé et l'ironie mordante de Rabelais sur la société de son époque.

Ses personnages connus de tous ( Gargantua, Panurge, Pantagruel...) prennent une autre dimension. On réalise les risques qu'il a pris en s'attaquant en langue vulgaire et par le rire aux puissants.

Après sa condamnation par les théologiens de la Sorbonne, Rabelais ne peut plus vivre sans protecteur. Victime des aléas de la diplomatie, il finira seul, démunis et oublié.

À travers les siècles, il semble pourtant que son message n'ait pas perdu de son importance. Son combat contre les certitudes est plus que jamais d'actualité. « On apprend que si l'on doute. Seuls les puissants ne sont pas taraudés par le doute. Ils affirment, le poing levé, prêts à frapper ceux qui doutent. »

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