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Serge

Reza Yasmina

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Flammarion, 2021.


“Chez ma mère, sur sa table de chevet, il y avait une photo de nous trois rigolant, enchevêtrés l'un sur l'autre dans une brouette. C'est comme si on nous avait poussés dedans à une vitesse vertigineuse et qu'on nous avait versés dans le temps.”


Yasmina Reza fait partie de ces auteurs que j'adorerais aimer mais pour lesquels je n'arrive pas à dépasser le stade de juste « apprécier ».

Comme pour « Babylone » qui avait reçu le prix Renaudot en 2016, je reste un peu perplexe. « Serge » est un roman très bien écrit, j'ai beaucoup aimé l'humour souvent un peu grinçant mais même si la lecture n'est pas désagréable, une fois terminée une seule question me vient : « oui et alors ? »

Si le but de l'auteur est uniquement de nous faire passer un moment fugace mais sympathique, alors c'est réussi.

Si il s'agit de laisser une empreinte, une réflexion, une émotion plus prégnante et sur le long terme, alors c'est raté.


Le trio fraternel, Jean, Serge et Nana est assez attachant même si pas toujours crédible. Serge le râleur un peu raté qui jugent les autres avec tranchant, l'infidèle qui se fait mettre à la porte par sa compagne est le centre de ce trio. Jean, son frère est le narrateur mais aussi celui qui semble maintenir le lien familial. Nana doit faire face à l'ironie de ses frères qui s'allient volontiers pour critiquer son époux.

Si la famille Popper est d'origine juive, elle se sent peu concernée par un quelconque devoir de mémoire.

Pourtant, à la demande de Joséphine, la fille de Serge, ils vont entreprendre un voyage à Auschwitz. Il s'agit là des meilleurs passages du livre avec des dialogues à l'humour corrosif et des scènes politiquement incorrects.

Outre Joséphine, le trio, et encore plus Serge et Jean, peine à ressentir une émotion à la hauteur de la tragédie historique à laquelle est pourtant liée leur famille.

L'ambiance ”séjour touristique” avec les selfies et des vacanciers en tongs n'y est pas pour rien.

Mais là n'est certainement pas l'unique raison. Totalement autocentrés, ils sont incapables de s'ouvrir aux autres.


Ce roman m'a fait l'impression d'une succession de sketchs :  « Jean à la piscine »,  « les Popper à Auschwitz »,  « le goûter d'anniversaire »…

Entre ces différents tableaux, manque une articulation ou tout simplement... une histoire.

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