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Les vivants et les morts , vingt ans plus tard

Mordillat Gérard

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Calmann Lévy, 2025


« Après la fermeture de la Kos, l'usine où elle travaillait, Dallas avait juré de ne jamais remettre les pieds à Roussel. Vingt ans plus tard, la mort de son père l’y contraint. En ville tout a changé. Property, un entrepôt de vente en ligne a remplacé la Kos ; la mairie est passée à l'extrême droite ; le cinéma, les cafés, les commerces ont fermé...»


Gérard Mordillat brosse avec talent le monde du travail, les bouleversements économiques, sociaux et politiques de notre temps. Malheureusement en ce qui concerne le romanesque, les rapports entre ses personnages et leur psychologie, non seulement le roman est très faible mais il va même parfois jusqu'à friser le grand n'importe quoi !


Tous les thèmes du monde du travail actuel sont abordés. Des patrons poussant leurs employés à devenir auto-entrepreneurs, situation qui les rendra esclaves de cadences impossibles à tenir. L'exploitation des sans-papiers dans les arrières cuisines des restaurants. Le monde hospitalier qui souffre d'être soumis à une gestion d'entreprise privée, et surtout la présence à Roussel de Property, l'équivalent d'Amazon.


Dallas qui par la force des choses est retournée vivre dans la maison de ses parents va s'y faire embaucher parce qu'il faut bien gagner sa vie, mais également parce que son amie journaliste veut écrire un livre sur le fonctionnement de l'entreprise : cadences infernales, ambiance de délation et suspicion, absence de syndicat….


La désolation du centre-ville qui se meurt est également très bien décrite. La fermeture de la Kos, vingt ans plus tôt, a eu des répercussions sur l'ensemble de la ville. Les commerces ont fermé les uns après les autres faute de clients ou de repreneurs en cas de départ à la retraite. À cela s'ajoute le passage à l'extrême droite de la municipalité. Le maire RN, parachuté ici, ne voit ce poste que comme un tremplin. Marionnette aux mains de son député, il doit aussi composer avec des groupuscules qui s'ils sont totalement abrutis, n'en sont pas moins d’une grande violence.


Tout cet aspect du livre est très intéressant et bien réussi. Dommage de devoir également lire les histoires personnelles des uns et des autres !

Contrairement à son précédent roman, Gérard Mordillat ne se laisse pas trop déborder dans la description de la sexualité de ses personnages mais tout de même, tout le monde couche avec tout le monde ou tout du moins on a envie !

L’auteur convoque d'anciens personnages Des vivants et des morts mais sans que leur intervention n'apporte rien au présent ouvrage. 


Une grande partie du roman tourne autour de la disparition de la fille de Rudy et Dallas. Ce mystère les hante et si ils s’aiment toujours, ce drame s'interpose entre eux les empêchant de vivre ensemble et d'être heureux.

La résolution de cette énigme est totalement bâclée ce qui la rend presque grotesque.


Si Les vivants et les morts 20 ans plus tard nous réconcilie avec les romans de Gérard Mordillat après l'énorme déconvenue de La tour abolie, ce n'est pas encore pour cette fois-ci une adhésion totale !

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