Les yeux de Mona
Schlesser Thomas
2
Albin Michel, 2024
Cinquante-deux semaines : c'est le temps qu'il reste à Mona pour découvrir toute la beauté du monde. C'est le temps que s’est donné son grand-père, un homme érudit et fantasque, pour l'initier, chaque mercredi après l'école, à une œuvre d'art avant qu'elle ne perde, peut-être pour toujours, l'usage de ses yeux.
Thomas Schlesser est historien de l'art. Cela se sent car le voyage initiatique à travers l'art est une belle réussite. Le volet romanesque, peu crédible, très simpliste et souvent inabouti, laisse cependant le lecteur sur sa fin.
Pourtant paradoxalement, c'est le fait que ce soit un roman qui aide le lecteur à faire ce voyage, qu'il ne ferait sûrement pas dans un ouvrage de référence qui pourrait être rébarbatif.
La jeune Mona, après un épisode de cécité inexpliqué, risque de perdre la vue. Son grand-père érudit et amoureux des arts se désole que sa petite fille puisse n'avoir comme référence de beauté que des objets de pacotille, clinquants, un monde de paillettes et de couleurs criardes.
En l'emmenant chaque mercredi découvrir une œuvre d'art, d'abord au Louvre puis au musée d'Orsay et enfin à Beaubourg, il va l'initier à l'histoire des arts mais également l'entraîner à développer ses capacités d'observation et d'analyse. Cette démarche qu’il instaure pour sa petite fille est valable pour le lecteur profane en matière artistique.
De Sandro Botticelli à Pierre Soulages, l'auteur nous propose de comprendre la peinture du dernier, retraçant l'évolution de l'art depuis le premier. Tous les grands courants sont évoqués et replacés dans leur contexte. Chaque période identifiée est née d'un désir de rupture avec les méthodes des générations précédentes.
L'aspect chronologique est donc ici très important et permet au lecteur de mieux comprendre les évolutions artistiques. De plus Les yeux de Mona est très riche en informations sur les artistes de leur temps.
Ceux qui s'intéressent à la question seront enchantés de visiter les musées avec Mona et son grand-père.
Pour ce qui est du romanesque, les faiblesses sont multiples.
Si on comprend bien que l'auteur mise beaucoup sur la compréhension du passé pour avancer sereinement dans la vie, la démonstration n'est pas très passionnante. Certaines questions restent sans réponse donnant l'impression que l'auteur ne les avait soulevées que pour meubler.
Les yeux de Mona n'est par conséquent pas une belle leçon de vie mais par contre une belle leçon d'histoire des arts !