Mise en scène de Simon de Delétang, par la troupe de la Comédie Française.

Durée 2h30, salle Richelieu du 13 janvier au 4 juin 2023.

« Cette pièces, écrite en 1835, met en scène trois groupes qui s’opposent sur la finalité d'un soulèvement populaire. Alors que les partisans de Danton souhaitent que les mesures prises par Robespierre cessent, pour abréger les souffrances du peuple, les disciples de " l'incorruptible " ne pensent qu'à la vertu de l'acte révolutionnaire ; le peuple, lui, est ballotté entre les deux. »

La pièce relate les cinq jours qui ont précédé la mort de Danton. La France est plongée dans la terrible période de la Terreur et, à travers deux figures majeures de cette époque, on voit s'affronter deux conceptions du principe de révolution et au-delà, deux visions du monde. Les antagonismes des frères ennemis cristallisent parfaitement ceux qui secouent le peuple français (peut-être encore aujourd'hui ?).

Danton, attachant par ses défauts si humains s'interroge sur la finalité d'une révolution dont on ne voit pas la fin.

La guillotine fonctionne à plein, éliminant les révolutionnaires de la première heure, mais toute cette violence ne donne pas à manger au peuple.

La pièce s'ouvre sur une scène de débauche dans laquelle un Danton, qui a perdu ses illusions, se vautre allègrement, alors même qu'il participe ainsi à sa propre fin.

En parallèle, Robespierre, joué excellemment bien, correspond parfaitement à l'image qu'on a de lui. Arquebouté sur son idée de « vertu », il fait passer l'humain au second plan, ce qui le rend terrifiant. «  La terreur est une émanation de la vertu, anéantissons, par la terreur, les ennemis de la liberté. » !

La question reste de savoir ce qu'est la liberté et qui en sont les ennemis ?

Les décors sont très beaux et le jeu des comédiens est impeccable. Cela dit, pour apprécier pleinement cette pièce, quelques connaissances préalables du déroulé des événements et des personnages importants de la Révolution française sont nécessaires !

Concernant les figures majeures de cette époque, on met parfois trop de temps à les identifier.

De même, s'il y a de très grands moments comme le discours de Saint-Just ou le plaidoyer de Danton durant son procès, l'ensemble reste trop souvent tourné vers les concepts métaphysiques de vie et de mort.

Danton et ses amis savent qu'ils vont mourir, il est donc sans doute évident qu'ils ont exprimé leurs peurs, développé leur conception du sens de la vie... ce n'est pas ce qui nous a le plus enthousiasmé !

 Nous aurions grandement préféré que le propos soit plus axé sur les événements historiques et politiques.

Cela dit, La mort de Danton reste du beau théâtre, d'un grand professionnalisme.