Les barbares
Julie Delpy
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Avec Julie Delpy, Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Ziad Bakri
comédie, 2024, 1h41
« À Paimpont l'harmonie règne ; parmi les habitants, il y a l'institutrice, la propriétaire de la supérette, le maire, le garde champêtre, l'infirmière…
Dans un grand élan de solidarité, ils acceptent avec enthousiasme l'accueil de réfugiés ukrainiens. Sauf que les réfugiés qui débarquent ne sont pas ukrainiens… mais syriens ! »
Sous la forme d'une comédie légère, Julie Delpy interroge une posture ambigüe face aux réfugiés. On l’a forcément constaté et le film le souligne : on a vu un élan de solidarité sans précédent pour accueillir des ukrainiens alors même, que quelques années plus tôt, une forme de rejet contre la venue de réfugiés syriens s'est fait jour.
La solidarité est à géométrie variable et c'est sur les contradictions qu’elle engendre, que la cinéaste met assez justement le doigt.
Ce n'est pas le film du siècle mais Les barbares se laissent regarder sans déplaisir.
La galerie de portraits, même lorsqu'elle verse dans la caricature, est plutôt bien vue.
L'instit, à l'initiative de l'accueil d'une famille de réfugiés, est certes une militante au grand cœur mais c'est également ainsi qu'elle comble sa solitude.
La propriétaire de la supérette, portée sur la boisson, semble bien s'ennuyer dans sa vie.
Le plombier, alsacien, mais plus breton que les natifs de la région, n'est guère enthousiaste à l'accueil d'étrangers dans la commune.
Le vieil agriculteur qui s'estime inventeur du Bio fustige les néo-ruraux mais se révèle être un bougon au grand cœur….
C'est tout ce petit monde qui accueille Marwan et sa famille. Il est architecte, sa femme graphiste, son père poète, sa sœur médecin. Si ils sont épiés comme de potentiels voleurs, violeurs… l'attitude de la petite communauté bretonne n'est pas moins étrange pour eux (mais pourquoi ces gens parlent-ils sans cesse de la météo !?).
L'intrigue suit son cours tranquillement même si elle est cousue de fil blanc. Certaines scènes sont savoureuses. Laurent Lafitte est excellent en raciste primaire. Son attitude respire la malhonnêteté intellectuelle et en quelques gestes on décèle le macho de base.
Cette petite comédie met le doigt où ça fait mal. Elle tend un miroir à notre société qui se félicitait tant de venir en aide aux ukrainiens.
À Paimpont, on se demande au final qui sont les barbares ?