Délicieux
Éric Besnard
2
avec Grégory Gadebois, Isabelle Carré, Benjamin Lavernhe.
Comédie, historique, France - Belgique, 2021, 1h53
« À l'aube de la Révolution française, Pierre Manceron, cuisinier audacieux mais orgueilleux est limogé par son maître, le duc de Chamfort. La rencontre d'une femme étonnante, qui souhaite apprendre l'art culinaire à ses côtés, lui redonne confiance en lui et le pousse à s'émanciper de sa condition de domestique pour entreprendre sa propre révolution…»
Délicieux est un honnête divertissement. On pourrait tout à fait se contenter d'attendre son passage à la télévision mais cela ne rendrait pas du tout hommage aux très belles images. La photographie est particulièrement bien réussie, que ce soit en ce qui concerne les paysages de campagne dans la succession des saisons ou les personnages qui symbolisent les classes sociales très marquées au 18e siècle.
Si l'histoire est cousue de fil blanc et un peu longuette, il est très sympathique de suivre la vie de ce cuisinier novateur qui, sous la pulsion des idées d'une révolution naissante, va tout doucement sortir de sa condition d'exécutant. Les idées nouvelles sont incarnées par le fils. Avide de savoir ce qui commence à frémir à Paris, il adhère plus rapidement que la génération précédente aux idées d'égalité et d'abolition des privilèges.
La bonne cuisine étant réservée à la noblesse, bien sûr seule capable d'apprécier l'art de la table, la création du restaurant, avec des menus pour toutes les bourses est un beau symbole de démocratisation. Penser pouvoir sortir de sa condition n'est pas aisé ! Pour le fort sympathique cuisinier Pierre Manceron, ce sera une conjonction de facteurs dont le premier est sa passion pour la cuisine. Passion qui sera ravivée par l'arrivée d'une apprentie féminine.
C'est sûrement le point le plus faible du film. Louise, interprétée par Isabelle Carré, apporte une intrigue parallèle qui semble bien inutile.
Entre sombre histoire de vengeance et comédie romantique, on s'éloigne quelque peu de la naissance du restaurant et de la notion d'égalité dans le plaisir ou même tout simplement du droit au bien manger.
Le film suit pas à pas l'évolution du lieu et la mise en œuvre de chaque nouveauté. De la grange, à la salle de restaurant, où petit à petit apparaissent de plus en plus de tables, puis des nappes jusqu'aux petits bouquets de fleurs. De la miche de pain posée sur une table commune, aux corbeilles sur chaque table….
Chaque pas en avant vers ce que nous connaissons déjà est joliment filmé.
Si Délicieux n'est pas un film qui marquera l'histoire du cinéma, il offre un moment sympathique et donne très envie de filer au... restaurant à l'issue de la séance !