De nos frères blessés
Hélier Cisterne
2
avec Vincent Lacoste, Vicky Krieps, Jules Langlade,
drame, France, 2022, 1h35.
« 1954, Hélène et Fernand tombent amoureux. Avec lui, elle part pour Alger, découvre sa beauté et l'attachement que Fernand porte à son pays. Alors que l'Algérie et la France se déchirent, leur vie bascule. L'histoire vraie du combat d'un couple pour la liberté. »
De l'excellent livre de Joseph Andras, Hélier Cisterne a fait un film certes nécessaire mais malheureusement assez moyen. L'angle de vue est largement tourné vers l'histoire d'amour entre Fernand et Hélène au détriment du développement de certains aspects politiques liés au contexte de l'époque.
Le fil narrateur de l'histoire est construit par flashback qui soulignent bien le contraste entre les jours heureux d'un passé insouciant et le drame de la guerre d'Algérie. On constate amèrement les dérives d'une justice qui, lorsqu'elle est militaire et se veut exemplaire, sombre dans des travers totalement contraire à ses valeurs.
Fernand Iveton est né en Algérie, ouvrier tourneur dans une usine de gaz à Alger, il est membre du Parti communiste. Si il est pour une Algérie libre, sa préoccupation principale se porte sur les conditions de travail des ouvriers. Fernand Iveton revendique un traitement égal entre ceux qu'on désigne alors comme " musulmans " (algériens d'Algérie) et algériens de France.
Fernand Iveton n'est pas présenté comme un héros jusqu'au-boutiste. C'est un homme engagé qui se sent le devoir de passer à l'action tout en découvrant les limites qu'il ne se sent pas capable de franchir.
Il posera une bombe dans son usine.
Dès le départ, celle-ci n'est pas conçue pour tuer. Toutes les précautions ont été prises pour n'envisager que quelques dégâts matériels. D'ailleurs d'explosion, il n'y en aura pas puisque la bombe est découverte avant l'heure.
Le film nous fait alors basculer dans le spectacle d'un simulacre de justice.
Le spectateur assiste à un procès bien loin de l'image de ce qu'on aimerait de notre justice. Ce civil, qui a subi des tortures, est jugé par un tribunal militaire pour le moins expéditif et bien peu regardant sur la réalité des faits. Condamné à mort, Fernand Iveton sera guillotiné pour un attentat qui n'a pas fait de victimes, pour une bombe qui n'a pas explosé.
Ce militant, homme ordinaire, semble avoir été très peu soutenu en métropole. Son cas a eu bien peu d'écho dans la presse. Ce pan de l'histoire aurait mérité d'être un peu plus fouillé pour éclairer le spectateur.
Ce film a le mérite de mettre en lumière la triste histoire d'un homme largement liée à la sordide Histoire d'une guerre dont on a bien longtemps tu le nom.
Cela dit, le film en lui-même n'est pas extraordinaire. Vincent Lacoste, par ailleurs très bon acteur dans d'autres films, est bien souvent peu convaincant ici. Son jeu semble souvent maladroit mais peut-être est-ce plus difficile de jouer le rôle de quelqu'un qui a existé plutôt qu'un pur personnage de fiction ?