Douleur et gloire
de Pedro Almodóvar
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avec Antonio Banderas, Asier Etxeandia, Leonardo Sbaraglia, drame Espagne, 1h52
“Une série de retrouvailles après plusieurs décennies, certaines en chair et en os, d'autres par le souvenir, dans la vie d'un réalisateur en souffrance.
Premières amours, les suivantes, la mère, la mort, des acteurs avec qui il a travaillé, les années 60, les années 80 et le présent. L'impossibilité de séparer création et vie privée.”
Les grands fans de Pedro Almodovar seront certainement ravis. Ils auront un éclairage sur le parcours du réalisateur aux 19 prix. Le fil conducteur et sans conteste le lien intime entre vie privée et création.
Les autres risquent d'être déçus et de ne voir qu'un film désespérément autocentré et horriblement égocentrique.
C'est malheureusement dans cette deuxième catégorie que s'est retrouvé “Pourvu Qu'on Ait Livre's”.
Beaucoup de propos sont très beaux mais l'ensemble peine à intéresser sur la durée. L'idée est trop fermée et on aimerait que les thèmes abordés aient une portée plus universelle... un petit quelque chose un peu plus tourné vers ses contemporains.
Durant tout le film, je me suis souvent prise à penser que “Douleur et gloire” (mis à part le titre) aurait été un beau livre, poétique et sensible.
En version filmée, je me suis trop souvent ennuyée, l'émotion est certes largement au rendez-vous mais ce n'est guère passionnant tant c'est narcissique.
Il me semble que la seule véritable réussite du film réside dans sa construction.
Pour le coup, si le thème de l'artiste vieillissant en manque d'inspiration et en pleine introspection n'est pas très original, la réalisation du film l'est beaucoup plus. Il n'est pas linéaire, la chronologie est habilement brouillée, étonnant le spectateur à plusieurs reprises.
Les souvenirs se dessinent par association d'idées : un air de piano entendu aujourd'hui, se superpose à un air du passé pour nous propulser dans un souvenir d'enfance.
Des flash-back dans les flash-back, une pièce de théâtre dans le film, un film dans le film...Toutes ces originalités sont parfaitement maîtrisées.
Au final, “Pourvu Qu'on Ait Livre's” à été plus sensible à la forme qu'au fond. Dommage !