Les éblouis
de Sarah Suco
2
avec Camille Cottin, Céleste Brunnquell, Jean-Pierre Darroussin.
1h39, drame, France
“Camille, 12 ans, passionnée de cirque, est l'aînée d'une famille nombreuse. Un jour, ses parents intègrent une communauté religieuse basée sur le partage et la solidarité, dans laquelle ils s'investissent pleinement. La jeune fille doit accepter un mode de vie qui remet en question ses envies et ses propres tourments”.
Un film sensible et très intelligent. Le regard est porté sur l'enfance, l'analyse de l'emprise sur les cerveaux est minutieuse et intéressante. Le cheminement de la jeune Camille est bouleversant.
Voyant sa mère s'épanouir dans cette communauté qu'on découvre de plus en plus sectaire, le combat de Camille pour affirmer sa liberté n'en est que plus difficile et douloureux.
La question posée est subtile, jusqu'où un enfant peut-il aller pour plaire ou pour ce qu'il pense être le bien-être de ses parents ?
Le film est très bien ficelé et porte habilement deux propos qui cheminent en parallèle. D'un côté, on prend la mesure de l'emprise insidieuse de tout groupe qui s'apparente à une secte. La mère de Camille semble retrouver un sens à sa vie au cœur de cette communauté. Le « berger » de cette dernière n'a pas son pareil pour couper ses ouailles d'une vie sociale en dehors de son cercle, pour éloigner les familles clairvoyantes sur ses intentions... On est alors spectateur du terrible glissement de la famille de Camille, pris entre l'horreur et l'envie de rire du ridicule des pratiques.
D'un autre côté, on prend également la mesure de la difficulté des enfants à prendre leur autonomie de penser. Camille est ado, elle va apprendre à faire semblant. Cette dualité permanente, très bien jouée par la jeune actrice Céleste Brunnquell, nous fait craindre au fur et à mesure du film, pour sa santé psychique.
Ses jeunes frères n'ont pas sa maturité naissante. L'évolution de leur comportement témoigne des effets dévastateurs de l'emprise psychologique d'un berger néfaste.
Le film est prenant du début à la fin. Évitant tout sensationnel, il procure pourtant toute une gamme d'émotions fortes.