Edmond
de Alexis Michalik
3
avec Thomas Solivérès, Olivier Gourmet, Mathilde Seigner, Tom Leeb, 1h50, comédie, France
“Décembre 1897, Paris. Edmond Rostand n'a pas encore trente ans mais déjà deux enfants et beaucoup d'angoisses.
Il n'a rien écrit depuis deux ans. En désespoir de cause, il propose au grand Constant Coquelin, une comédie héroïque, en vers, pour les fêtes. Seul souci : elle n'est pas encore écrite.”
Une très sympathique comédie.
C'est caricatural à souhait, parfois loufoque mais on se laisse entraîner avec plaisir dans le tourbillon qu'est ce film. C'est un très bel hommage au monde du théâtre et à la création artistique.
On commence à monter la pièce de Rostand alors qu'il n'en a écrit que deux lignes. L'écriture de Cyrano de Bergerac se déroulera sous nos yeux, l'auteur glanant des idées au café, dans sa vie personnelle et dans celle de ses amis... On se doute, bien sûr, qu'en réalité la genèse de la célèbre pièce est moins épique.
Mais, c'est-ce qui fait la drolerie du film et c'est une belle métaphore du bouillonnement de l'acte de création.
L'ensemble du microcosme du théâtre est représenté et Edmond devra composer avec les désirs et caprices de chacun. On trouve l'acteur vedette qui place son fils, très mauvais comédien; l'actrice qui trouve qu'elle n'a pas assez de réplique; des investisseurs corses dont les préoccupations sont assez étrangères à l'art; un régisseur qui doit être capable de se transformer en acteur, tout comme la costumière....On croise Sarah Bernhardt, grande amie de Edmond de Rostand. Clémentine Célarié la joue à merveille, la grande dramaturge est actrice, même hors des planches, prenant des poses dans la vie privée, dignes des plus grandes pièces classiques.
La pièce est jouée pour la première fois le 28 décembre 1887 et c'est un triomphe.
Politiquement, le contexte est plutôt à la morosité : la France est encore sous le coup de la défaite de 1870 et un certain nombre de scandales secoue l'État.
Le public veut rire avec Feydeau mais finalement il est aussi avide d'idéal.
Après ou malgré une naissance rocambolesque, Cyrano de Bergerac deviendra un archétype humain au même titre que Hamlet.