Eiffel
Martin Bourboulon
1
avec Romain Duris, Emma Mackey, Pierre Deladonchamps, biopic, France, Allemagne, 2020, 1h49
« Venant tout juste de terminer sa collaboration sur la statue de la Liberté, Gustave Eiffel est au sommet de sa carrière. Le gouvernement français veut qu'il crée quelque chose de spectaculaire pour l'exposition universelle de 1889 à Paris. Mais Eiffel ne s'intéresse qu'au projet du métropolitain. Tout bascule lorsqu'il recroise son amour de jeunesse. La relation interdite l'aspire à changer l'horizon de Paris pour toujours. »
Nous voulions voir un film sur la Dame de fer, la déception a donc été au rendez-vous. Le sujet est plus romantique que métallique.
Certes, tous les aspects liés à la construction du monument, aujourd'hui indissociable de l'image de Paris, sont évoqués. Malheureusement, ce survol est supplanté par une histoire d'amour hypothétique, bien mièvre.
Pour l'époque, la construction de cette tour est une prouesse et selon ses biographes, Gustave Eiffel est un inventeur infatigable, un bâtisseur moderne invétéré mais également un meneur d'hommes. Mais à priori, tout cela n'était pas assez cinématographique.
Il était plus glamour de faire croire que l'idée et l'envie de Gustave Eiffel de se lancer dans cette entreprise étaient liées au sentiment amoureux.
Pourtant, les péripéties liées à la Dame de fer (la nôtre, pas l'anglaise) sont très romanesques. Construite près de la Seine, les travaux, pour pallier un sol meuble sont titanesques et périlleux.
Le désengagement du gouvernement, qui retarde le paiement dans la crainte que le projet reste inachevé, est politique et a des répercussions sociales.
Les conditions de travail des ouvriers sont effleurées mais méritaient d'être développées.
La levée de boucliers du monde des arts qui donne à la Tour Eiffel le statut de scandale de l'époque, est vaguement évoquée alors que nous aurions aimé en savoir tellement plus !
Il ne reste qu'une reconstitution soignée avec des vues de Paris sans celle qui fait aujourd'hui partie du paysage. Les spectateurs assistent à l'érection de la Tour petit à petit.
Les images sont très esthétiques et la construction du film n'est pas inintéressante.
Par flashback, on découvre le jeune Gustave, au début de sa carrière, ingénieur sur le pont métallique de Bordeaux. Soucieux de sécurité, c'est un passionné dans son domaine. On progresse lentement dans son histoire, ce qui pourrait donner une certaine dose de suspense puisque, il faut bien le reconnaître, du côté Dame de fer, il n'y en a guère…
Malheureusement le film reste une romance sans grand intérêt avec pour toile de fond la construction de la Tour Eiffel. L'inverse nous aurait davantage satisfaits !