Les galettes de Pont-Aven
Gilles Seria
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avec Jean-Pierre Marielle, Bernard Fresson, Claude Piéplu.
comédie, France, 1975, 1h45
« Henri Serin, représentant en parapluies, mène une vie tranquille entre son travail, sa famille, et sa peinture.
Henri s'octroie, durant ces nombreux déplacements professionnels, quelques frasques amoureuses qui le changent du quotidien lassant dans lequel sa femme l'enferme. »
Ce film est le parcours d'une émancipation, d'un changement de société dans la foulée de Mai 68.
Pour être « regardable » de nos jours, il doit en permanence être remis dans son époque. Sans ce préalable, il serait difficile d'aller jusqu'au bout. Notre regard du 21e siècle a vite fait de ne voir dans cette histoire que la narration des errements libidineux d'un homme au milieu de sa vie, obsédé par les " culs " (féminins, surtout jeunes) auxquels il voue une admiration qui vire au pathétique. Dans ce domaine, le comique de répétition, sûrement très drôle en 1975, car choquant, devient vite lassant en 2022.
Henri Serin n'a certainement pas participé aux événements de Mai 68 mais le vent de liberté qui a soufflé à cette époque va lui donner l'envie et le courage de sortir d'une vie qui ne lui convient pas. Lors d'une panne de voiture à Pont-Aven, il rencontre un autre peintre, Ce dernier, personnage très ambigu, n'a à priori choisi que l'aspect sexuel en matière de libération. Pour la peinture, il est resté plus conventionnel en choisissant d'être le « peintre des touristes ». Henri opte pour un changement plus radical : vivre d'amour, d'eau fraîche et de peinture. S'enfuyant avec la petite amie de son hôte, que lui-même avait poussée dans son lit, il va vivre l'extase avant de traverser l'enfer lorsque celle-ci le quitte sans prévenir.
De ce personnage, le spectateur ne saura pas grand-chose. Si les femmes sont l'objet du désir de notre peintre représentant, elles ne sont guère mises en valeur dans ce film. Elles sont bourgeoises, catho coincées, frustrées ou jeunes écervelées n'ayant pour seul intérêt que d'avoir un joli cul.
La synthèse de ces deux catégories est faite à travers le personnage d'une prostituée habillée en bigoudène.
Tout au long du film, on sent le regard moqueur du réalisateur. Cela donne quelques scènes assez drôles. L'ironie porte largement sur la religion et la province. Sur ce dernier aspect, aujourd'hui Joël Seria serait taxé d'un odieux parisianisme.
Essayons de ne pas oublier que nous sommes en 1975 !
Le choix de Pont-Aven n'est pas anodin. Cité des peintres au 19e siècle, avant les frasques d'Henri Serin, la ville a connu celles de Paul Gauguin. Ce dernier pourrait même passer pour modèle pour notre héros. Il a abandonné un emploi très lucratif, femme et enfants pour se consacrer à la peinture. Il en connaissait un rayon en matière de beuveries et s'est rapidement tourné vers la jeunesse pour oublier les longues chemises de nuit de son austère épouse…
Au-delà de tout ce qui prête aujourd'hui à caution dans ce film, force est de constater qu'on y traverse toute une époque. Il permet notamment de faire la liste de ce qui est révolu.
Ce film n'est à voir que pour une étude sociologique des us et coutumes d'il y a quarante-sept ans et le chemin parcouru…
lien VOD : https://www.allocine.fr/film/fichefilm-10457/telecharger-vod/