avec Vincent Cassel, Tuheï Adams, Malik Zidi,

biopic, drame, France, 2017, 1h41

«  1891, Gauguin s'exile à Tahiti. Il veut trouver sa peinture, en homme libre, en sauvage, loin des codes moraux, politiques et esthétiques de l'Europe civilisée. Il s'enfonce dans la jungle, bravant la solitude, la pauvreté, la maladie. Il y rencontre Tehura, qui deviendra sa femme et le sujet de ses plus grandes toiles. »

Si Vincent Cassel joue vraiment très bien et si les images sont particulièrement belles, il n'en reste pas moins que ce film est assez décevant.

Ce n'est pas véritablement un biopic puisqu'il n'est question ici que du premier voyage de Paul Gauguin à Tahiti. Certes, cette « tranche de vie » du peintre est d'une grande importance, autant dans son quotidien que dans son œuvre, mais en passant trop rapidement sur les causes et les conséquences de ce voyage, on a la sensation de passer à côté de la personnalité complexe du peintre. Ceux qui voudront faire connaissance avec lui par l'intermédiaire de ce film, ne cerneront pas très bien pourquoi il semble s'obstiner à rester à Tahiti dans une grande misère. Ceux qui connaissent déjà un peu l'artiste, seront souvent agacés par les raccourcis et les  trop grandes libertés prises par rapport à la réalité. Du coup, on ne sait plus trop à qui s'adresse ce film ! Peut-être aurait-il mieux valu qu'il s'agisse d'un peintre fictif ?

Cela dit, Gauguin-Voyage de Tahiti rend un bel hommage aux populations tahitiennes. On découvre une philosophie de vie bien loin de celle du colonisateur.

La nature luxuriante est l'abri d'une multitude d'esprits, ce qui est peu compatible avec une religion monothéiste. De même que les rapports humains, plus libres, échappent aux notions européennes.

On ne fait que percevoir les manœuvres de l'église (dont la première est de couvrir les corps) pour introduire un autre ordre social et moral.

Dans ce domaine, le film aurait gagné en intérêt en développant cet aspect. Non seulement d'un point de vue historique, mais également pour expliquer pourquoi Gauguin s'est de plus en plus enfoncé dans la jungle. Son désir étant de fuir les codes moraux, sociaux, financiers…

Son désespoir a été grand de voir que ces derniers ont été exportés jusqu'au bout du monde.

Gauguin a toujours été poussé dans une sorte de fuite en avant, alors que le film semble rendre contre d'un renoncement.

L'artiste fantasmait une vie, loin des contingences matérielles. Il pensait pouvoir vivre de pêche et de cueillette. Le principe de réalité est parfaitement bien illustré dans une scène où Gauguin s'improvise pêcheur.

Gauguin-Voyage de Tahiti n'est malheureusement qu'une belle performance d'acteur. L'ensemble du film manque de dynamisme et n'évite pas l'ennui. Les longueurs auraient pu être remplacées par des éléments explicatifs ou tout du moins éclairants de la vie du peintre.

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