Her Job
Nikos Labôt
2
Avec Marisha Triantafyllidou, Dimitris Imellos, Konstantinos Gogoulos
1h30 drame Grèce
“Athènes, de nos jours, Panayiota est une femme au foyer complètement dévouée à son mari et à leurs deux enfants. Elle est peu allée à l'école, ne sait pas lire, a quitté la demeure familiale pour le domicile conjugal, passant d'une domination à une autre.
Crise oblige, pour la première fois de sa vie, elle doit travailler ailleurs qu'à la maison.”
Un film touchant, un sujet fort qui met en avant la difficile condition de la femme, à la fois dans une société machiste, mais aussi dans un pays qui subit une grave crise économique. Il n'y a pas de doute, dans cette configuration là, pour les femmes, c'est la double peine. À l'intérieur de son foyer, Panayiota est la bonne et ne semble être que ça. En plus d'être dévolue aux tâches ménagères, elle subit la dictature d'une horrible adolescente odieuse et les paroles d'un mari qui n'hésite pas à la traiter d'imbécile, d'idiote, d'incapable...
D'ailleurs, ce mari au chômage qui semble plus compter sur la chance aux jeux que sur Pôle emploi, n'est-il pas à l'image de la violence sociale faites aux travailleurs précaires ?
À l'extérieur, au premier abord, Panayiota subira la même exploitation.
Femme de ménage dans un centre commercial pour 580 €, elle ne ménage pas sa peine, se plie à toutes les demandes de son supérieur : changements de planning, heures supplémentaires au pied levé... Ici, on ne la traite pas d'imbécile, on ne parle pas de “travail” mais de “collaboration”.
Cela dit, lorsqu'on n'aura plus besoin d'elle, son supérieur, profitant de son illettrisme, lui fera signer une lettre de démission, sans aucun état d'âme ni considération que son dévouement aurait mérité.
L'intérieur et l'extérieur sont des mondes d'une grande dureté pour cette mère de famille.
Néanmoins, cette plongée dans le monde du travail lui apportera une vision des possibles : camaraderie, solidarité, émancipation...
On peut tout de même regretter que la forme du film soit souvent trop âpre. Cela peut rebuter, alors que le sujet vaut le détour. Les nombreux plans fixes soulignent bien la monotonie de la vie de Panayiota mais pour le spectateur c'est à la longue terriblement pesant.
Cinq minutes sur de l'eau qui bout, plus cinq minutes sur Panayiota qui regarde l'eau qui bout, ça fait un peu long... dommage !