Les invisibles
Louis Julien Petit
3
avec Audrey Lamy, Corinne Masiero, Noémie Lvovsky,
1h42,comédie, France.
“Suite à une décision municipale, l'Envol, centre d'accueil pour femmes SDF, va fermer.
Il ne reste plus que trois mois aux travailleuses sociales pour réinsérer coûte que coûte les femmes dont elles s'occupent : falsification, piston, mensonge... désormais tout est permis !”
Un hommage touchant qui prouve bien, s'il le fallait encore (?!) que personne “n'est rien” !
Les invisibles sont doubles : D'un côté, les femmes de la rue qui rasent les murs, avec leur barda qui contient leur vie entière, dont on ne sait où elle passe la nuit mais qu'on voit se presser aux portes de l'association dès son ouverture.
De l'autre, les travailleuses sociales dont on mesure souvent mal la difficulté du travail.
Le film éclaire l'ensemble de la problématique avec réalisme mais non sans une dose d'humour. Les répliques font mouche, on est dans l'humour et jamais dans la bouffonnerie, on est également dans la tendresse bienveillante et jamais dans le pathos.
Ce film est l'occasion de dresser un constat de la situation. Chaque journée est employée à dénicher un hébergement de nuit. Dans le cas présent, les locaux qui accueillent les sans-domicile-fixe pour la nuit sont certes, tout neuf, fonctionnels... mais loin du centre-ville, froids, dénués de l'essentiel : le contact humain.
Ce besoin n'est pas unilatéral. La galerie de personnages choisie pour représenter les travailleuses sociales en est la preuve. À chacune ses raisons, son degré d'implication, voire ses méthodes mais le fondement reste le même : le besoin de contact humain.
Le constat est dur, les centres d'accueil manquent de moyens. À l'heure de la rentabilité économique qu'on essaie d'appliquer à tous les domaines de la vie et à tous les âges, la société semble bien en peine de faire une place digne à ceux qui ont un parcours accidenté.
Les perspectives ne sont particulièrement optimistes. La solution ne passera que par “l'humain,”l'écoute, l'aide au retour de l'estime de soi. Non résolument personne “n'est rien” !
Les acteurs, professionnels ou non, sont très bons, le ton est juste.
En parallèle, le film a également le mérite de donner la parole à Corinne Masiero, lui donnant l'occasion de marteler, à juste titre; que la vie dans la rue est d'une dureté qu'on peine à imaginer et qu'elle l'est encore plus pour les femmes.