Je suis toujours là
Walter Salles
2
de Walter Salles
avec Fernanda Torres, Selton Mello, Valentina Herszage
Drame, 2025, 2h15
« Rio 1971, sous la dictature militaire. La grande maison de Paiva, près de la plage, est un havre de vie, de paroles partagées, de jeux, de rencontres. Jusqu'au jour où des hommes du régime viennent arrêter Rubens, le père de famille, qui disparaît sans laisser de trace. Sa femme Eunice et ses cinq enfants mèneront alors un combat acharné pour la recherche de la vérité… »
Un beau film qui est à la fois une fresque familiale et un film politique. À travers une histoire individuelle, on mesure l'ampleur d'un drame collectif ainsi que l'horreur de la dictature militaire du Brésil des années 70.
La première partie peut sembler un peu longue mais c'est à bon escient. Le décor est patiemment planté. Le spectateur découvre une famille unie, terriblement sociable, des parents qui s'aiment, des enfants joyeux et insouciants. Le regard du film est celui d’Eunice, la mère de famille. On n'en saura jamais plus qu'elle. Ses inquiétudes vont devenir celles du spectateur : la vue d'hélicoptères de l'armée qui survolent la mer, des images télévisées de manifestations réprimées, des coups de téléphone nocturnes reçus par son mari, des échanges d'enveloppes mystérieuses….
Nous ne saurons ce que fait Rubens Paiva, ancien député, opposant au régime militaire, que lorsque Eunice l’apprendra à l'issue de la deuxième partie du film.
Le sentiment de menace qui planait jusqu'alors éclate lorsque Rubens est arrêté. Mais ce sont les interrogatoires subis par Eunice qui nous font pénétrer dans les géoles militaires.
Ces passages sont éprouvants. La violence, jamais filmée directement, en ai que plus marquante : des cris, des taches de sang au sol…
Après ce dur épisode, la vie de la famille ne sera plus jamais la même. Le vide laissé par la disparition du père de famille aura des conséquences multiples sur la vie de chacun.
Le film aurait gardé sa force en s'arrêtant là.
La fin, même si elle laisse voir ce qu’est devenue Eunice est inutile.
Le côté informatif (Eunice est devenue avocate des droits humains) aurait pu être délivré sous forme de texte.
À la place on retrouve la famille dans les années 1990, puis à plusieurs périodes des années 2000, à des moments clés de la recherche de la vérité. L'émotion s’envole.
Je suis toujours là reste cependant un bon film percutant et plein de sensibilité.