Le jeune Ahmed
Luc et Jean-Pierre Dardenne
2
avec Idir Ben Addi, Myriem Akheddiou, Olivier Bonnaud.
1H25, drame, France, Belgique.
“ En Belgique, aujourd'hui, le destin du jeune Ahmed, 13 ans pris entre les idéaux de pureté de son imam et les appels à la vie”
J'ai lu dans une critique “officielle” que ce film était une réussite car “pour une fois, les frères Dardenne sortent de leur rôle d'observateurs et prennent une position, sociale et politique”.
C'est précisément tout le contraire qu'il m'apparait. Il suffit de revoir “Deux jours, une nuit”, film de 2014 avec Marion Cotillard pour s'en convaincre.
Le choix de ce qu'ils observent fait du cinéma des frères Dardenne, un cinéma politique et sociale
“Pourvu Qu'on Ait Livre's” allait presque voir ce film à reculons, craignant un déficit d'explications, une forte dose d'empathie...
Il n'en est rien !
Lorsque le film débute, le jeune Ahmed est déjà sous l'emprise de cet imam, manipulateur dont on comprend qu'il a déjà envoyé son jeune cousin au djihad, ou pour être plus précis... à la mort !
Comment comprendre un tel engagement sans en connaître la genèse ?
Les frères Dardenne ne nous laissent cependant pas en rade d'hypothèses. Ahmed ne joue plus à la console, il a enlevé les posters de sa chambre, refuse de serrer la main de la prof qui tente de lui éviter l'échec scolaire...
La cellule familiale ne semblait pas particulièrement propice à cette dérive religieuse. L'explication est ailleurs, peut-être dans l'absence du père, ou l'image déplorable qu'il en a (un faible qui n'a pas su empêcher son épouse de boire ?).
Cette dérive s'apparente plus à une crise d'adolescence qui a le malheur de tomber dans les griffes de la religion
Bien sûr, aucune certitude n'est assénée, on n'est pas dans un film américain, ici le spectateur a le plaisir de réfléchir !
L'empathie que l'on redoutait n'est pas pour le personnage qu'on imaginait. Le jeune Ahmed ne la suscite guère. Ses gestes mécaniques qui suivent les rituels (ablutions..) et son mutisme le déshumanisent plus qu'autre chose. On ressent surtout une grande envie de le secouer.
Sa mère, qui voudrait que tout redevienne comme avant, est beaucoup plus touchante.
Si le film est parfois un peu lent et répétitif, il a le mérite de poser question, il donne envie d'échanger, de confronter les avis, notamment sur le sens de la fin que bien sûr je ne divulgâcherai pas ici !