avec Nicholas Hoult, Gabriel Basso, Chris Messina, Zoé Deutsch, Tony Collette.

Drame, thriller, 2024, 1h54

« Alors qu'un homme se retrouve juré d'un procès pour meurtre, il découvre qu'il est à l'origine de cet acte criminel. Il se retrouve face à un dilemme moral entre se protéger ou se livrer. »

Un bon film sur un dilemme moral, qui par la même occasion, nous donne une idée du système judiciaire américain.

Le point de départ de l'histoire semble tout droit sorti du chapitre Tempête sous un crâne des Misérables de Victor Hugo.

Comme dans le cas de Jean Valjean, on voit Justin, le héros, se débattre dans une crise de conscience effrayante. Si il ne se dénonce pas, un homme risque l'enfermement à perpétuité mais si il se livre, c'est lui qui encourt trente ans de prison. N'importe qui y réfléchirait à deux fois avant de faire preuve d'honnêteté et c'est bien parce que tout le monde peut s'identifier à Justin que le film fonctionne si bien.

Parallèlement, on est plongé dans le monde du tribunal comme si on était dans un roman de John Grisham, l'auteur américain spécialiste du genre.

Que les membres qui représentent la justice soient élus pose question.

Dans cette affaire, le procureur fonce tête baissée, pour des raisons électoralistes, au détriment de la vérité sur le meurtre censé avoir été commis.

Le film souligne également l'impossible  impartialité totale des jurés. Justin, le juré  n°2, dans ses tentatives de convaincre les autres membres du jury à rendre un verdict de non culpabilité, pousse chacun dans ses retranchements.

Finalement chacun juge à l'aune de sa vie, de ses expériences personnelles. Certains sont prêts à bâcler les débats pour être libérés rapidement de leurs obligations. D'autres font fi de la faiblesse des preuves dans la culpabilité de l'accusé et sont prêts à le déclarer coupable en arguant de son passé dans un gang.

Un autre thème voit alors le jour : change-t-on et si oui, la société nous laisse-t-elle le droit de   le faire ?

En cela, Justin et l'accusé ont un point commun : chacun des deux est desservi par son passé.

Le suspense est bien mené. Jusqu'au bout le spectateur se demandera comment va finir cette histoire. Certaines scènes sont vues plusieurs fois mais avec des angles différents, nous faisant découvrir les pièces du puzzle au fur et à mesure de l'avancée de l'intrigue. Ce film est très « américain » et ce n'est pas ce qu'on préfère à Pourvu Qu'on Ait Livre’s mais, une fois n'est pas coutume !

De plus on constate avec un certain plaisir que le passé « patriote qui se fait justice tout seul » du cinéaste est résolument derrière lui !

Juré n°2 pose un problème philosophique intéressant, tout en soulignant les possibles travers d'une justice qui n'est pas infaillible notamment quand le coupable idéal est déjà tout trouvé. Ce qui semblerait être le dernier film de Clint Eastwood est une agréable surprise !