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Ni Chaînes Ni Maîtres

Simon Moutaïrou

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avec Ibrahima Tchie, Benoît Magimel, Camille Cotin

drame, historique, 2024, 1h38


« 1759. Isle-de-France  (actuellement île Maurice). Massamba et Mati, esclaves dans la plantation d’Eugène  Larcenet, vivent dans la peur et le labeur. Lui rêve que sa fille soit affranchie, elle de quitter l'enfer vert de la canne à sucre. Une nuit elle s'enfuit. Madame La Victoire est engagée pour la traquer. Massamba n'a d'autre choix que de s'évader à son tour… »


Ni Chaînes Ni Maîtres est un film mémoriel fort mais qui s'égare trop souvent dans des courses poursuites fastidieuses à suivre pour le spectateur.

L'enfer de la plantation est rendu dans toute sa cruauté. Le système de l'esclavage est filmé dans toute sa violence physique et psychologique. Rendu possible par l'Église qui a décrété que les noirs n'avaient pas d'âme, l'esclavage ouvre les vannes de la déshumanisation .

On aimerait être rassuré sur l'âme humaine, mais non il n'y a pas de maîtres « gentils». Et quand bien même ils existeraient, le mal est déjà fait : déracinement, privation de liberté…


Massamba pense qu'en étant docile, un avenir meilleur sera possible pour sa fille. Il oublie qu’aux yeux des blancs, il n'est rien, relégué au rang de bête de somme et qu’en un regard sa vie peut basculer.

C'est ce qui lui arrivera. En cherchant sa fille en fuite, c'est également un chemin intellectuel qu'il parcourra, le chemin vers la liberté est celui de la dignité retrouvée.


Malheureusement, si le propos est important et intéressant, la forme du film l’est moins. Les scènes de poursuites dans la forêt, caméra à l'épaule et souvent dans la pénombre se multiplient à en devenir lassantes.

De même, on comprend bien la symbolique des passages dans lesquels Massamba renoue avec la magie de ses ancêtres, mais la manière dont c'est filmé brouille quelque peu la narration et cela devient presque fatigant à regarder.

On aurait préféré moins d'effets esthétisants au profit d'un développement de la psychologie et de l'histoire de certains personnages.


Ibrahima Tchie est excellent dans ce rôle d'un homme dont la quête va dépasser son seul point de vue personnel. Retrouver sa fille lui ouvrira d'autres horizons. Camille Cotin est terrifiante en chasseuse d'esclaves avec sa foi en Dieu et la loi de son roi !

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