Notre-Dame du Nil
Atiq Rahimi
1
avec Albina Kyrenga, Amanda Mugabekasi, Clariella Bizimana
1h33, drame, Rwanda, Belgique
“Rwanda 1973. Dans le prestigieux Institut catholique “Notre-Dame du Nil”, perché sur une colline, des jeunes filles Rwandaises étudient pour devenir l'élite du pays. Mais, des antagonismes profonds grondent et changeront à jamais leur destin.”
On n'ira pas voir ce film pour en apprendre plus sur le conflit entre Tutsis et Hutus mais plutôt pour capter une ambiance.
Beaucoup de critiques reprochent à Atiq Rahimi d'abuser de belles images. Ce n'est pas faux mais on ne peut pas non plus dire que c'est à des fins inutiles. Le cinéaste nous fait basculer ainsi, de la quiétude à l'horreur. Si il n'y a pas d'explications didactiques de la genèse du conflit rwandais, il y a tout de même une série d'indices sur les rancœurs larvées. Le spectateur assiste au conflit par le prisme du microcosme que représente l'internat.
Au premier abord, toutes ces jeunes filles partagent la même vie et les préoccupations inhérentes à leur âge. Mais, la haine d'une pensionnaire, fille de ministre, contre les Tutsis va faire basculer un équilibre fragile. Après la beauté des paysages, des visages adolescents, c'est la cruauté de la machette.
Le film bénéficie d'un esthétisme de qualité.
Cela dit on aurait aimé que le sujet ne soit pas abordé de façon si restrictive.
Un peu moins de poésie et de métaphores, un peu plus d'éléments historiques auraient donné à ce film une force tout autre que celle de n'être qu'un bel objet.
Pour mieux appréhender le destin tragique de ce pays (massacres des Tutsis en 1959, 1963, 1973 et 1994 ! ), on aurait aimé qu'il y ait quelques incursions en dehors de l'Institut de Notre Dame du Nil.
Nous n'avons que des bribes de la vie des étudiantes, alors que de les voir évoluer dans leur famille ou dans la société nous aurait sûrement aidé à prendre la mesure des haines qui nous échappent.