Pas de vagues
Teddy Lussi-Modeste
3
avec François civil, Toscane Duquesne, Shaïn Boumedine, Drame, 1h32, 2024
« Julien est professeur au collège. Jeune et volontaire, il essaie de créer du lien avec sa classe en prenant sous son aile quelques élèves, dont la timide Leslie. Ce traitement de faveur est mal perçu par certains camarades qui prêtent au professeur d'autres intentions. Julien est accusé de harcèlement. »
Ce film, bien ancré dans une réalité sociétale est bouleversant et effrayant.
Bouleversant car on mesure à quel point le simple désir de bien faire ne suffit pas quand on est face à un public d'adolescents.
Effrayant car on découvre la solitude d'un jeune professeur face à la menace mais aussi la peur…sentiment qui ne devrait pas exister lorsqu'on a choisi le métier d'enseignant !
Julien veut être un prof « qui marque, qui change la vie ». Si en créant un lien de proximité avec certains élèves, il fait fausse route, rien ne peut justifier les menaces de mort qui pèsent sur lui. Plein de bonnes intentions, Julien a oublié que la sensibilité des adolescents n'a pas encore les codes du monde des adultes. Et que son lien particulier avec certains, peut être perçu comme une injustice par d'autres et susciter des jalousies.
Comme dans le film La salle des profs, de Ilker Çatak, ce jeune enseignant prendra conscience qu'une salle de classe ne renferme pas seulement un prof et ses élèves, mais que planent au dessus d’eux, les familles, les histoires personnelles, les collègues de l'établissement…
Face à ces multiplies présences, seule la hiérarchie brille par son absence !
Le film n'est pas simpliste, l'engrenage auquel assiste le spectateur est bien mené.
La jeune Leslie n'est pas une menteuse, ce qui aurait été trop facile. Elle s'est véritablement sentie harcelée. Une fois qu'elle comprend sa méprise, il est trop tard et est elle-même, prise dans un piège dont elle ne se sent pas la force de sortir.
Le collège, lieu qui devrait être celui du savoir devient dans Pas de vagues le théâtre d’un thriller. La peur est palpable. On tremble pour Julien , on le voit perdre pied face à sa classe mais aussi petit à petit face à ses collègues dont la solidarité se délite à mesure que le désordre grandit dans l'établissement.
Ce film très bien écrit et joué avec beaucoup de justesse attristera un bon nombre de professeurs et ébranlera l'ensemble de la société. (Du moins, nous l'espèrons !)