Le quatrième mur
David Oelhoffen
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avec Laurent Lafitte, Simon Abkarian, Manal Issa
Drame, 2025, 1h56
« Liban 1982. Pour respecter la promesse faite à un vieil ami, Georges se rend à Beyrouth pour un projet aussi utopique que risqué : mettre en scène Antigone afin de voler un moment de paix au cœur d'un conflit fratricide. Les personnages seront interprétés par des acteurs venant des différents camps politiques et religieux. »
Un beau film, servi excellement par Laurent Lafitte et Simon Abkarian. Chaque scène retranscrit avec force les tensions entre les différentes communautés qui s'affrontent pour prendre le contrôle de Beyrouth et plus largement du Liban.
Les résonances avec les événements actuels qui secouent le Proche-Orient rendent les images encore plus percutantes.
Le spectateur est mis à la place de Georges, lâché au cœur d'un conflit dont le monde occidental a du mal à véritablement comprendre.
La langue arabe n'est pas sous-titrée et comme Georges, on est perdu dans les méandres des différentes factions qui s'opposent : que faut-il faire pour passer un barrage ? Quels papiers faut-il montrer ? Qui tire sur qui ?
Georges, qui est venu en tant que metteur en scène, va devenir acteur d'un drame dont il ne mesurait pas la complexité
Les liens qu'il noue à Beyrouth, aussi bien amoureux qu'amicaux, ne pourront pas le laisse indemme tant la violence est à son comble. Le massacre de Chatila est filmé de telle manière que sa découverte est glaçante de réalité.
Cela dit, le cinéaste a choisi d'occulter la première partie du roman de Sorj Chalandon. Si cela ne change pas fondamentalement le sens du film, il nous semble bien dommage de priver le spectateur de certaines clés de compréhension du personnage principal.
Georges accepte de partir à Beyrouth pour mettre en œuvre le projet de son ami Sam. Mais la scène d'ouverture du film n'est pas suffisante pour comprendre pourquoi Georges est prêt à prendre autant de risques et ne fuit pas ce lieu dont les ruines témoignent d'un degré de violence déjà bien avancé.
Il manque, selon nous, l'histoire de Sam et surtout l'importance de son choix de monter la pièce Antigone et pas une autre, avec des membres de chaque camp !
Malgré tout, Le quatrième mur est un bon film.
À travers les répétitions de la pièce, on mesure l'impossibilité des jeunes générations de vivre une vie normale (à nos yeux), prises en étau entre leur désir (être comédien) et les considérations idéologiques aussi bien religieuses et politiques de leur communauté. Il faut voir Le quatrième mur et absolument lire le livre de Sorj Chalandon !
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