Si seulement je pouvais hiberner
Zoljargal Purevdash
2
avec Battsooj Uutsaikh, Nominjiguur Tsend
drame, Mongolie, France, 1h38, 2024.
« Ulzii, un adolescent d'un quartier défavorisé d’Oulan-Bator, est déterminé à gagner un concours de sciences pour obtenir une bourse d'étude. Sa mère, illettrée, trouve un emploi à la campagne, les abandonnant lui, son frère et sa sœur, en dépit de la dureté de l'hiver. »
Si ce film est parfois déroutant, il n'en reste pas moins très émouvant. Lorsqu'on évoque la Mongolie, on imagine les grands espaces, les yourtes et une vie traditionnelle, largement tournée vers la nature.
Avec Si seulement je pouvais hiberner, on découvre une capitale moderne, composée d'immeubles hérités de l'ère soviétique. Une périphérie où fleurissent ce qui pouraient ressembler à des bidonvilles et une misère sociale accentuée par des conditions climatiques particulièrement difficiles.
La famille d’ Ulzii grelotte dans sa yourte. Sa première préoccupation est d'acheter et d’acheminer du bois pour se chauffer. La deuxième va à la nourriture.
Le père est mort, la mère alcoolique, peine à trouver du travail puis à le garder. Le fils aîné est plein de colère contre cette mère qu’il juge irresponsable et incapable.
C'est son combat contre la fatalité de la misère que le spectateur suit avec beaucoup d'émotion. Seul avec son petit frère et sa petite sœur, l'adolescent doit composer et faire des choix.
Entre tout mettre en œuvre pour poursuivre ses études, et subvenir aux besoins de sa fratrie il ne ménagera pas sa peine et sera bien seul. Sa fierté l'empêche parfois de demander de l'aide aux quelques rares personnes qui semblent prêtes à lui tendre la main, comme son vieux voisin, qui a dû quitter la campagne, ou son professeur de physique qui croit en ses capacités.
Si seulement je pouvais hiberner nous montre un paysage de désolation, envahi par les brumes de la pollution et où le froid est presque un personnage du film.
Certains aspects échappent aux spectateurs peu au fait de la culture, de l'histoire et de la politique de la Mongolie mais cela n'entrave pas la compréhension ni même les émotions suscitées par cette adolescent bien courageux.
Ce film social décrit très justement le passage forcé de l'enfance à l'âge adulte que la grande pauvreté impose.