Trois visages
Jafar Panahi
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avec Behnaz Jafari, Jafar Panahi, Marziyeh Rezaei
"Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d'une jeune fille, implorant son aide pour devenir actrice et échapper à sa famille conservatrice...Elle demande alors à son ami le réalisateur Jafar Panahi de l'aider à comprendre s'il s'agit d'une manipulation.
Ensemble, ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale.
Ce film n'est pas dénué d'intérêt mais sa forme le fait souffrir d'un trop grand nombre de longueurs.
Entre la fiction et le documentaire, Jafar Panahi filme avec poésie et tendresse, la société patriarcale archaïque des villages reculés de l'Iran.
Ce que le réalisateur nous laisse voir est intéressant d'un point de vue sociologique.
Cependant, son film ressemble parfois à un catalogue de thèmes spécifiques : le mariage, le poids moral du village, les légendes empreintes de magie autour de la circoncision... Tout y passe...
Si le propos de fond est, me semble-t-il, assez clair, la réalisation paraît parfois ambiguë avec un aspect très « autocentré ». Les deux acteurs principaux bénéficient de gros plans longs et sans grand intérêt manifeste. Ils incarnent un autre mode de vie en Iran, plus moderne mais souvent ils n'ont que peu de réaction sur ce qu'ils traversent.
On préférerait souvent voir ce qu'ils regardent plutôt que de les voir regarder !!
Au final, l'attrait de « Trois visages » réside dans les conditions de sa réalisation.
Jafar Panahi est victime de la censure dans son pays dont il n'a pas le droit de sortir.
Son film est truffé de symboles forts. Trois générations, illustrant l'histoire du cinéma iranien, une route sinueuse dans la montagne reflétant les limitations des libertés individuelles.
Le choix du lieu n'est pas non plus anodin. Jafar Panahi a choisi le village natal de sa mère, celui de son père ainsi que celui de ses grands-parents.
« Trois visages » est certes inégal mais il mérite d'être vu.