Venise n'est pas en Italie
Ivan Calberac
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avec Benoît Poelvoorde, Valérie Bonneton, Helie Thonnat,
comédie, France 2019, 1h35
« La famille Chamodot est fantasque et inclassable. Bernard, le père, un peu doux dingue, fait vivre tout le monde dans une caravane. La mère, Annie teint les cheveux de son fils Émile en blond, parce que, paraît-il, il est plus beau comme ça !
Pauline la fille du lycée dont Émile est amoureux, l'invite à Venise pour les vacances, l'adolescent est fou de joie. Seul problème, ses parents décident de l'accompagner avec leur caravane. »
Ce n'est pas le film du siècle mais quelques passages, au milieu du film, rappelleront de bons souvenirs à ceux qui reviennent de Venise.
La Sérénissime n'est pas le sujet du film mais elle n'a pas été choisie au hasard. Le symbole de raffinement et de bon goût de la ville marque le gouffre qui sépare les deux familles que le spectateurs découvre petit à petit.
Les Chamodot sont attachants dans leur originalité et leur simplicité .Mais on comprend vite à quel point cela peut être compliqué à vivre pour leur ado. Si au départ, Émile semble gentiment s'accommoder de cette famille fantasque, sa rencontre avec Pauline va le mettre en porte-à-faux avec son milieu social.
Pauline vit dans une grande propriété, une maison de luxe très silencieuse qui semble bien morne .
Émile vit dans une caravane, sur le terrain d'une maison qui tarde à voir le jour.
Pauline joue de la harpe sous la direction d'un père exigeant qu'elle peine à satisfaire.
Émile a un père représentant de commerce, un peu menteur, très volubile, capable de réveiller son fils parce qu'il pense avoir inventé une nouvelle nage qu'il a baptisé « l'huître. ».
Les Chamodot ont certes une image difficilement supportable pour un jeune garçon qui rêve de normalité mais ils sont volontaires quand il s'agit d'aider leur fils dans son envie d'aller écouter jouer Pauline qui se produit à Venise.
La course contre la montre pour être à l'heure au concert nous fait arpenter à toute vitesse les quais de la cité.
On retrouve complètement l'impossibilité pour les touristes de se déplacer dans cette ville sans se perdre et sans rembourer son chemin mille fois à cause d'un canal infranchissable.
Ceux qui auront résidé au camping Fusina s'amuseront de voir qu'il a été filmé sous son angle le plus défavorable !
Le film est dans son ensemble très caricatural. Le trait est largement forcé mais cela donne lieu à quelques très bonnes répliques qui font mouchent, dans la bouche de Benoît Poelvoorde, à qui le rôle de père, à la fois déjanté et envahissant, va comme un gant.
Sous les traits d'une comédie, Venise n'est pas en Italie traite de la difficulté de rencontre entre classes sociales différentes et surtout pose la question de savoir ce que peut bien être « une famille normale ».