Parcours autour de grand Palais (75 008)
Pourvu Qu'on Ait Livre's
vous souhaite une
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Un musée...
Le Grand Palais
expo « Toulouse-Lautrec, résolument moderne »
3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris
Édifié à partir de 1897, ce magnifique bâtiment qui est né pour l'exposition universelle de 1900, a pour vocation d'accueillir les grandes manifestations artistiques de la capitale.
Le lieu vaut à lui tout seul une visite, un véritable condensé des goûts de la Belle Époque.
L'exposition consacrée à Henri de Toulouse-Lautrec est à ne pas manquer.
Avec la présentation de 225 œuvres, on découvre le peintre au-delà de l'image de bohème que la postérité a gardé. On fait connaissance avec des œuvres autres que les images de cartes postales qui inondent Montmartre. On apprend également avec plaisir le travail de recherche engagé par l'artiste pour réaliser les publicités du Moulin Rouge. Toulouse-Lautrec est le premier affichiste de Paris.
Sa maladie le rendait différent mais ici c'est l'avant-gardiste qui est mis en lumière. La scénographie dévoile au fil des salles un artiste animé par une ambition esthétique à la fois pleine de poésie tout en étant ancrée dans la réalité. Ses œuvres témoignent d'une époque et d'un milieu. Toulouse-Lautrec peint les bordels, les cafés, les bals sans aucun jugement de valeur.
C'est une belle expo qui nous fait découvrir un artiste aux multiples talents et terriblement anticonformiste.
Une librairie...
Librairie du Rond-Point
2 bis avenue Franklin Roosevelt 75008 Paris
Une belle Librairie agréable à fréquenter et très accueillante.
Accolée au Théâtre du Rond-Point, elle en est la spécialiste du théâtre... mais pas que!
En plus des nombreuses publications sur le théâtre, on y trouve aussi bien les grands classiques de la littérature, que les dernières parutions.
Certains livres sont étiquetés « coup de cœur » avec quelques annotations des libraires.
J'aime assez cette pratique, entre professionnalisme, le libraire n'est pas qu'un vendeur, et convivialité, comme un ami qui nous conseillerait ses dernières lectures.
trois livres...
Lautrec, de Matthieu Mégevand,
Flammarion 2019
« Lautrec, la légende de Montmartre, le peintre du Moulin Rouge, du Mirliton, celui qui immortalise Bruant, la Goulue, Jane Avril.
Mais c'est aussi un petit homme foutraque, issu d'une famille de la haute noblesse de province, atteint d'une maladie génétique qui fragilise ses os et interrompt sa croissance.
Fasciné par les cabarets, les bals, les bistrots, les théâtres et les prostituées, il peindra des hommes et des femmes toute sa vie, négligeant le paysage et la nature morte. »
Une assez bonne biographie romancée, même si on peut souvent reprocher à l'auteur d'en faire un peu trop. Lautrec souffrira toute sa vie de son physique. Ce handicap n'est pas totalement étranger au processus de création du peintre. Jeune, sa maladie le contraindra à rester alité. Dessiner deviendra alors le centre de sa vie.
Dès le début du livre, les grands traits du personnage sont bien posés : Lautrec est très petit, des lèvres lipeuses, un gros nez, peintre alcoolique, on le moque tout en profitant de ses largesses d'ivrogne.
On regrette que l'auteur, malgré une écriture de qualité, revienne de façon répétitive sur ces éléments. Par moment, on se lasse d'avoir l'impression de suivre les beuveries d'un ivrogne quelconque.
Certes tout cela ; alcool, aspect physique... fait partie intégrante du personnage mais on préfère le suivre dans ses créations et rencontres.
Avec Toulouse-Lautrec, c'est le Paris populaire qui s'offre à nous et ce sont les meilleurs passages du roman. On suit l'artiste croquant La Goulue du Moulin Rouge, on court les bals avec Bruant, assistant à la création des affiches qu'on connait tous.
On plonge dans le Montmartre des cafés et des prostituées
Toulouse-Lautrec est le peintre des gens de la rue. Quel régal que ce témoignage qui semble être le pendant pictural du courant naturaliste initié par Émile Zola.
Le peintre, contrairement à son ami Vincent Van Gogh, bénéficie de la fortune de sa famille.
Sans cette aide financière, son œuvre n'aurait peut-être pas été si prolifique.
Alcoolique au plus haut degré, (à dégoûter le lecteur de l'odeur même de l'alcool!) et atteint de syphilis, il n'aurait peut-être pas fait long feu ?!
Lautrec de Mathieu Mégevand, assez inégal, reste un bon roman pour ceux qui aiment suivre les peintres du Paris d'autrefois.
Le chant des revenants de Jesmyn Ward
Belfond, 2019
“Jojo n'a que treize ans mais c'est déjà l'homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s'occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla.
De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n'ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Mickael, Jojo le connaît peu, il purge une peine au pénitencier d'État. Et il y a Léonie qui aimerait être une meilleure mère mais qui cherche l'apaisement dans le crack”.
Ce livre comporte deux aspects, c'est à la fois un road trip à travers un Sud dévasté par la misère et la drogue mais également un roman qui mêle à une réalité crue, des histoires d'esprits fantômes.
Autant le premier aspect m'a accrochée, autant le second m'a beaucoup ennuyée.
Au premier “revenant”, je n'ai pas pris vraiment garde. Léonie, la mère du jeune héros, voit son frère mort durant son adolescence mais j'ai associé cette vision à un possible sentiment de culpabilité et à ses excès de prise de crack.
Malheureusement (pour moi) c'était bel et bien un revenant et ça ne sera pas le seul !
Dommage car toutes ces considérations ne m'intéressent pas un instant et m'ont un peu gâché l'histoire, qui si terrible qu'elle soit, est très prenante. Pourtant la barque est très chargée comme on aime à le dire chez “ Pourvu Qu'on Ait Livre's.
Jesmyn Ward confronte avec brutalité le lecteur à tout ce qu'il y a de plus méprisable dans le Sud américain : le racisme, l'injustice, la misère. On est à une époque où il n'est plus “légal” de tuer un noir, comme le dit le patriarche, Joseph, mais quand ça vient à se produire, toute la communauté des blancs bien beaufs du coin est prête à se serrer les coudes.
En dehors “des histoires de revenants” qui ont besoin d'aide pour trouver le repos, la vie terrible de ce jeune Jojo en fait un personnage très attachant. Seuls ses grands-parents noirs sont un soutien pour lui. Très lié à sa petite sœur, il s'en occupe plus que leur mère qui trompe sa misère dans la drogue. Léonie n'est pas une mère, elle est avant tout une jeune femme paumée, toujours très amoureuse du père de ses enfants.
L'histoire est dure, les sentiments violents, l'auteur décrit sans complaisance une misère sociale qui ne semble pas avoir d'issue.
La grande escapade de Jean-Philippe Blondel,
Buchet Castel 2019
“1975. Tandis que le pays subit les effets du premier choc pétrolier, que les femmes revendiquent leurs droits et que la mixité s'impose dans les cours de récréation, rien ne semble devoir troubler le quotidien des familles d'Instituteurs du groupe scolaire Denis Diderot. À moins que le train du changement ne s'engouffre tout à coup dans les classes…”
Un roman ultra sympathique. J'ai souvent eu la sensation de lire la suite du Petit Nicolas version adulte. L'auteur nous offre un tableau d'une époque révolue mais surtout en pleine transformation. Mai 68 n'a pas changé les mentalités en un coup et c'est cette lente évolution que Jean-Philippe Blondel dissèque à travers une communauté d'instits.
Sur une année scolaire, on va suivre, le maître qui continue à être tyran, mais dont les choix de vie vont basculer, le féministe qui a la main leste avec sa femme, l'adepte des méthodes Freinet qui fatigue parfois de devoir tout mettre en débat dans sa classe….
En suivant prof, parents et élèves, l'auteur nous offre un beau panel des différents points de vue sur les changements sociétaux des années 70. Outre l'aspect qui pourrait laisser penser à une sorte de mélancolie, c'est surtout l'humour qui m'a rendu ce livre agréable.
On sourit souvent de voir les personnages se dépêtrer dans leurs contradictions.
On s'amuse des rivalités entre méthodes anciennes et novatrices.
On jubile des mesquineries de ces collègues qui, le soir venu, deviennent des voisins.
Contraints au voisinage du fait des logements de fonction, les uns et les autres s'épient et se jugent en classe comme à la maison.
Le lecteur se fait l'effet d'une petite souris qui passerait de foyer en foyer découvrant grandes et petites joies, désillusions et drames.
Sans laisser un souvenir impérissable, ce roman suscite l'intérêt, tout en faisant passer un très agréable moment.
Trois films...
La vérité de Hirokazu Kore-Eda
avec Catherine Deneuve, Juliette Binoche,
1h47, drame, Japon France.
“Fabienne, icône du cinéma est la mère de Lumir, scénariste à New York. La publication des mémoires de cette grande actrice incite Lumir et sa famille à revenir dans la maison de son enfance. Mais les retrouvailles vont vite tourner à la confrontation”
Après ses deux dernières mauvaises interprétations, « Pourvu Qu'on Ait Livre's » avait décidé d'éviter les films avec Catherine Deneuve. Mais voilà, ici il s'agit de Kore-Eda dont nous avions beaucoup aimé le précédent film. Aller voir la vérité était donc comme une expérience de jeux de hasard : nous avons joué et…. nous avons perdu !
1h47 d'un profond ennui, sur un thème sans grand intérêt et terriblement éculé : la vedette narcissique vieillissante.
Au centre du film, Catherine Deneuve semble posée là comme un objet, à réciter des répliques convenues, sans conviction, avec une émotion réduite à peau de chagrin. Les autres acteurs jouent bien mais cela ne sauve pas le film.
Avec ”un air de famille“, Kore-Eda nous faisait entrer dans une famille japonaise, nous donnant a voir ce qui nous est inconnu et c'était là l'intérêt.
Ici rien de nouveau pour le spectateur occidental.
D'un côté, l'actrice dont les plus belles années cinématographiques sont derrière elle, qui vit mal de ne plus avoir le premier rôle, qui voit avec mauvaise foi et une petite dose de fiel, la jeune actrice à qui elle doit donner la réplique. D'un autre côté, se mêlent toutes les thématiques de la famille déchirée, un vrai condensé de clichés : les vérités cachées, les rancunes inavouées, les amours déçues…
Kore-Eda semble avoir voulu s'intéresser à des questions philosophiques telles que : ”qu'est-ce qui fait une famille ?”, « qu'est-ce que la vérité et le mensonge ? », « un souvenir est-il une vérité ? »... Malheureusement le film n'est pas vraiment à la hauteur du questionnement qu'il est censé susciter.
À couteaux tirés de Rian Johnson
avec Daniel Craig, Chris Evans, Ana de Armas,
2h11, comédie dramatique, USA.
« Célèbre auteur de polar, Harlan Thrombey est retrouvé mort dans sa somptueuse propriété, le soir de ses 85 ans. L'esprit affûté et la mine débonnaire, le détective Benoît Blanc est alors engagé par un commanditaire anonyme afin d'élucider l'affaire. »
Un vrai bon divertissement familial. L'esprit d'Agatha Christie plane au-dessus de cette histoire extrêmement bien ficelée. L'enquête révèle le portrait d'une famille aussi riche qu'atroce pour notre plus grand plaisir.
Tour à tour interrogés pour les besoins de l'enquête, le spectateur fait connaissance avec les membres de cette famille.
Leur cupidité fait d'eux de potentiels coupables et invite le spectateur à se creuser les méninges pour échafauder des hypothèses et deviner le coupable.
Les pistes sont diverses, les trahisons et les coups bas sont légions. L'intrigue est menée tambour battant et on n'a pas le temps de s'ennuyer. L'enquêteur très bien interprété par Daniel Craig est à la fois un bon Hercule Poirot moderne mais également un Colombo qui met les pieds dans le plat des puissants.
À mi-film on pense savoir...se demandant juste par quel mécanisme le coupable va se faire prendre, mais c'est sans compter sur les multiples rebondissements qui rythment l'ensemble du film.
À couteaux tirés est un film policier grinçant et très drôle nous faisant presque oublier qu'il s'agit tout de même d'un horrible crime crapuleux !
It must be heaven de Elia Suleiman avec Elia Suleiman, Gael Garcia Bernal, Tarik Kopty,
1h42, comédie, drame, Palestine, Turquie
“Elia Suleiman fuit la Palestine à la recherche d'une nouvelle terre d'accueil, avant de réaliser que son pays d'origine le suit toujours comme une ombre”
Une vraie comédie de l'absurde, il faut donc aimer ce genre assez particulier pour apprécier « It must be heaven ». Il y a chez Elia Suleiman une bonne dose de Jacques Tati et un zeste de Buster Keaton avec en prime, beaucoup d'images très esthétiques.
Ce mélange offre un film à la fois burlesque et poétique.
Trois grands moments se dessinent, ils correspondent à trois lieux géographiques : Nazareth, Paris et New York.
Où qu'il soit, Élie Suleiman n'est pas acteur mais spectateur. Il observe le monde et si les situations sont souvent très drôles c'est aussi son regard particulier qui nous amène à rire.
Dans sa ville natale, Élie Suleimane voit une violence institutionnalisée, un pays archaïque où on conte des légendes et où on multiplie inutilement les pas car on transporte encore l'eau sur la tête.
Le paradis n'est pas là, à Paris peut-être ….
Ici la police est bien mise mais adepte de tout ce qui roule, tout aussi ridicule. Le jour du 14 juillet, la ville est déserte, les magasins fermés, à croire que tous les Parisiens sont au défilé.
Pas assez politique, le film d'Elia Suleiman ne trouve pas acquéreur. Peut-être que New York lui donnera sa chance ?
Une scène avec un chauffeur de taxi qui voit pour la première fois un Palestinien est absolument géniale. Mais ici aussi tout semble être étrange à l'acteur : toute la population est armée, la police entreprend de drôles de chorégraphies pour arrêter un ange, les intervieweurs font les questions et les réponses…
Ce périple permettra à Élie Suleiman de redécouvrir ce qu'il ne voyait peut-être plus dans son pays où tout n'est pas aussi archaïque qu'on peut le croire.
Le film est une succession de sketchs mais le fil narratif n'est jamais rompu. Certains passages sont certes nettement meilleurs que d'autres, le film est un peu trop long, mais l'ensemble très original est vraiment réjouissant sans avoir besoin de longs discours.
... pourquoi pas ?
... vraiment pas mal
... à ne pas manquer
... à fuir !