La capitale
Menasse Robert
1
Verdier poche, 2024
« Un cochon sème la panique dans le centre de Bruxelles. Dans le même quartier, un homme est tué d'une balle de revolver. Qui est-il, pourquoi a-t-il été tué ? Ainsi commence à tourner un incroyable manège… »
Ce roman chorale bénéficie de plusieurs passages intéressants : tour à tour instructifs, satiriques, drôles, décalés… mais malheureusement, la profusion de personnages perd petit à petit lecteur qui finit par ne plus savoir qui est qui.
L'entrée en matière est très originale. Le premier lien entre chaque personnage du roman est en rapport avec ce cochon qui a, ou aurait, été vu dans le centre de Bruxelles.
L'animal semble servir de symbole pour illustrer le dysfonctionnement des institutions européennes.
Les accords souverains de chaque pays et les directives européennes semblent bien souvent en opposition. Les nationalismes empêchent une vision totalement européenne comme souhaitée à l'origine.
En plus du cochon, un meurtre va permettre de donner un ton de polar à ce roman qui aurait pu se contenter de décrire les arcanes du Parlement européen.
Une fois la multitude des personnages présentée, le cochon disparaît et pour lui, cela finira même en eau de boudin. Quant au meurtre, on peine à suivre l'enquête.
La situation initiale passe alors d'originale à complètement artificielle.
Robert Menasse soulève un certain nombre de points qui éveillent notre curiosité et qui méritent réflexion.
À travers la situation des personnages, il alerte sur les dangers de l'oubli, replaçant la construction européenne dans son contexte historique : « plus jamais ça » après l'horreur de la Seconde Guerre mondiale. Il souligne également les bassesses de l'âme humaine.
Dans les couloirs du parlement européen, cela se traduit par des manœuvres souvent pitoyables, ainsi il est mieux vu de travailler au commerce qu'à la culture !
La satire est parfois mordante, ce qui donne des pages très drôles comme les directives sur les sous-vêtements soumis à des normes " de résistance aux flammes ". À croire que les pays européens n’arrivent à s'entendre que sur ce type de sujet, au demeurant mineurs, alors même qu'ils ne parviennent pas à s'harmoniser sur les fondements de l'Union européenne. Ces derniers restant une nébuleuse pour les peuples qui la composent.
La capitale est un roman qui ne tient pas ses promesses de départ. Trop fouillis, il manque de rythme tout en s'étendant en longueur pour finalement laisser le lecteur sur sa faim. Ce manque de clarté serait-il le reflet des institutions européennes ?