Le chant des revenants
Ward Jesmyn
1
Belfond, 2019
“Jojo n'a que treize ans mais c'est déjà l'homme de la maison. Son grand-père lui a tout appris : nourrir les animaux de la ferme, s'occuper de sa grand-mère malade, écouter les histoires, veiller sur sa petite sœur Kayla.
De son autre famille, Jojo ne sait pas grand-chose. Ces blancs n'ont jamais accepté que leur fils fasse des enfants à une noire. Quant à son père, Mickael, Jojo le connaît peu, il purge une peine au pénitencier d'État. Et il y a Léonie qui aimerait être une meilleure mère mais qui cherche l'apaisement dans le crack”.
Ce livre comporte deux aspects, c'est à la fois un road trip à travers un Sud dévasté par la misère et la drogue mais également un roman qui mêle à une réalité crue, des histoires d'esprits fantômes.
Autant le premier aspect m'a accrochée, autant le second m'a beaucoup ennuyée.
Au premier “revenant”, je n'ai pas pris vraiment garde. Léonie, la mère du jeune héros, voit son frère mort durant son adolescence mais j'ai associé cette vision à un possible sentiment de culpabilité et à ses excès de prise de crack.
Malheureusement (pour moi) c'était bel et bien un revenant et ça ne sera pas le seul !
Dommage car toutes ces considérations ne m'intéressent pas un instant et m'ont un peu gâché l'histoire, qui si terrible qu'elle soit, est très prenante. Pourtant la barque est très chargée comme on aime à le dire chez “ Pourvu Qu'on Ait Livre's.
Jesmyn Ward confronte avec brutalité le lecteur à tout ce qu'il y a de plus méprisable dans le Sud américain : le racisme, l'injustice, la misère. On est à une époque où il n'est plus “légal” de tuer un noir, comme le dit le patriarche, Joseph, mais quand ça vient à se produire, toute la communauté des blancs bien beaufs du coin est prête à se serrer les coudes.
En dehors “des histoires de revenants” qui ont besoin d'aide pour trouver le repos, la vie terrible de ce jeune Jojo en fait un personnage très attachant. Seuls ses grands-parents noirs sont un soutien pour lui. Très lié à sa petite sœur, il s'en occupe plus que leur mère qui trompe sa misère dans la drogue. Léonie n'est pas une mère, elle est avant tout une jeune femme paumée, toujours très amoureuse du père de ses enfants.
L'histoire est dure, les sentiments violents, l'auteur décrit sans complaisance une misère sociale qui ne semble pas avoir d'issue.