Comme un empire dans un empire
Zeniter Alice
1
Flammarion, 2020
« Il s'appelle Antoine. Elle se fait appeler L. Il est assistant parlementaire, elle est hackeuse. Ils ont tous les deux choisi de consacrer leur vie à un engagement politique, officiellement ou clandestinement.
Le roman commence à l'hiver 2019. Antoine ne sait que faire de la défiance et même de la haine qu'il constate à l'égard des politiciens de métier et qui commence à déteindre sur lui. Dans ce climat tendu, il s'échappe en rêvant d'écrire un roman sur la guerre d'Espagne. L vient d'assister à l'arrestation de son compagnon, accusé d'avoir piraté une société de surveillance. Elle se sait observée, peut-être même menacée. Antoine et L vont se rencontrer autour d'une question : comment continuer le combat quand l'ennemi semble trop grand pour être défait ? »
Après avoir beaucoup aimé « Sombre dimanche » et « L'art de perdre », ce dernier roman d'Alice Zeniter est une déception. Il m'a semblé plus intéressant d'écouter l'auteure parler de son livre à la radio plutôt que de le lire... ce qui est bien embêtant !
Je n'ai été accrochée que dans l'aspect chronique sociale mais pas du tout par le roman. J'ai parfois eu le sentiment qu'il n'y avait pas vraiment d'histoire et, quand il y en avait vaguement une, elle était bien poussive et si artificielle qu'on a bien du mal à y adhérer.
Le point de départ choisi pour les deux personnages principaux est intéressant.
Malheureusement, les méandres de leur psychologie sont si tortueux qu'ils perdent vite toute leur crédibilité.
Je ne comprends pas très bien l'intérêt de faire d'Antoine et de L des êtres si atypiques en concentrant sur eux une multitude de traits de caractère qui auraient pu être développés à travers d'autres personnages.
Antoine nous entraîne dans le monde politique, on découvre à travers lui le métier d'assistant de député. Ces moments sont vraiment très intéressants. Mais que penser de lui lorsqu'on le suit dans ses « délires » d'écriture ? Personnellement il m'a fait l'effet d'être un mythomane, me laissant du coup des doutes sur ses capacités à avoir un jugement fiable sur la politique.
Ce constat est le même pour L. La romancière ne levant pas certains doutes, on finit par se demander si cette jeune hackeuse n'est pas qu'une paranoïaque !
L'ensemble du livre m'a souvent ennuyée. J'ai aimé les « tableaux » de notre société actuelle qui ouvrent des réflexions sur nos vies ou nos perceptions : l'ambiance des vendeuses de chez Zara, les rencontres de Nuit debout, le passage du périphérique pour la banlieue…
Tous ces passages très bien écrits sont malheureusement insérés dans une histoire très mal ficelée à laquelle on ne croit pas un instant.