Dans la marche du temps
Rondeau Daniel
1
Livre de poche, 2004
« Pierre Perrignon est né en 1900 dans le tréfonds d'une forêt champenoise. Augustin, son fils est né dans le chaos du nazisme effondré.
Deux guerres et l'utopie des révolutions se sont chargées de forger Pierre à coup de faucille et de marteau. Petit soldat de la guerre des Titans, il a été, tour à tour, le rouage et la victime des deux totalitarismes.
Augustin a rêvé de ces temps héroïques et ignore tout d'un père il croit mort »
Une grande fresque du 20e siècle, tour à tour aussi passionnante qu'ennuyeuse !
Au premier abord, les premières pages sont incompréhensibles. Il faut accepter cet état de fait et poursuivre... on finira par comprendre.
On peut même dire que les 150 premières pages ne suscitent pas un intérêt débordant. Mais voilà, 150 sur 1143, c'est peu…. le lecteur peut bien faire un petit effort !
La construction narrative est basée sur un parallèle entre la vie du père et celle de son fils. D'habitude, c'est un procédé que j'apprécie beaucoup. Le fil n'est pas linéaire évitant la monotonie. Ici j'ai peu goûté la technique car il me semble qu'elle ne supporte pas bien la longueur et le foisonnement d'événements. Après avoir passé 300 pages avec un personnage, on a du mal à se souvenir du précédent.
De plus, l'intérêt est inégal entre le père et le fils. C'est Pierre qui retient le plus l'attention. Son parcours est à la fois terrible et extraordinaire : la révolte des vignerons, la misère, la guerre de 14, son engagement dans le Parti communiste, la Seconde Guerre mondiale, le camp de Buchenwald…
La vie de Pierre est passionnante, riche en événements mais également en réflexions politiques. De l'exaltation à la désillusion, Pierre a vécu mille vies.
Les meilleurs passages restent avant tout ceux qui concernent la Grande Guerre. Tout y est magistralement décrit : vie quotidienne dans les tranchées, manœuvres, morts, liens fraternels.
La vie d'Augustin est moins intéressante. Certes, né en 1945, il s'est passé moins d'événements dans sa vie. Mais c'est surtout à cause du personnage que j'ai moins accroché. Sa personnalité, sa longue dépression, son étrange rapport aux femmes m'ont terriblement agacée.
Le livre m'a semblé trop inégal pour que je le trouve excellent.
J'ai parfois regretté que l'auteur nous noie dans une écriture poético-intellectuelle au détriment des événements.
Daniel Rondeau m'a fait l'effet d'aimer se regarder écrire et de s'emballer sans s'occuper de son lecteur. Le dernier point qui m'a ...chiffonnée (!?) c'est l'aspect « machiste, mine de rien ».
Sur plus de mille pages, aucune femme n'est décrite autrement qu'à travers le désir ou non d'un personnage masculin !
Ce roman aurait gagné à se réduire à la vie de Pierre de 1900 à 1945. Là, il aurait vraiment été excellent !